COMMERCIALISATION DE LA DISQUETTE
Le premier disque souple de stockage de données informatiques est commercialisé par la firme IBM (International Business Machines) en 1971 afin de répondre à un besoin bien précis : trouver un moyen pratique, rapide et peu onéreux pour introduire dans les gros ordinateurs IBM 370 un microprogramme servant à leur démarrage.
Depuis les années 1960, les machines sont déjà dotées d’unités de stockage de grosse capacité sur disques magnétiques rigides. Mais il est tout de même nécessaire, à la mise en route, de charger un lot d’instructions au moyen de cartes perforées ou de bandes magnétiques. Cette manipulation se révèle de plus en plus lourde, notamment pour procéder périodiquement aux nécessaires mises à jour logicielles chez les clients.
Dès 1967, IBM missionne Alan F. Shugart (1930-2006), chef de produit des systèmes de stockage au sein de son centre de développement de San José (Californie), pour trouver une alternative aux cartes perforées et aux bandes magnétiques. Trois ans plus tard, l’équipe d’ingénieurs, dirigée par David L. Noble (né en 1918), dévoile le Memory Disk, premier disque souple, de 8 pouces de diamètre (environ 20 cm), qui sera commercialisé par IBM, de même que les lecteurs associés, dès 1971.
Ce « disque souple »– en anglais floppydisk – est ainsi baptisé par opposition au disque dur – hard disk– qui équipe les systèmes de stockage comme l’IBM 3330 (associé aux ordinateurs IBM 370), doté alors d’une capacité de 100 mégaoctets (Mo). Tous deux utilisent le même principe d’une couche d’oxyde de fer magnétique, mais celle du disque souple est déposée sur une fine galette de Mylar tournant à la vitesse de 360 tours par minute. La version originelle de 1970 possède une capacité de 80 kilooctets (ko), soit l’équivalent d’environ 3 000 cartes perforées. Le disque est lui-même inséré dans une enveloppe de protection dotée d’un trou oblong servant au passage de la tête de lecture. Ce disque n’étant destiné au départ qu’au processus de lancement des machines, celles-ci ne disposent d’abord que d’un simple lecteur, sans possibilité d’enregistrement. En 1972, IBM dépose les brevets de son « appareil de stockage de données utilisant un simple disque magnétique » (en anglais data storageapparatusemployinga single magneticdisk). Les inventeurs officiels en sont les membres de l’équipe dirigée par David Noble : Warren L. Dalziel, Ralph Flores et Herbert Thompson. L’année suivante, la firme commercialise des appareils capables de lire mais aussi d’écrire sur les nouveaux disques souples, bientôt appelés « disquettes », par analogie avec la cassette audio.
Alan Shugart quitte peu après IBM pour continuer le développement des disques souples au sein de Shugart Associates, société qu’il fonde en 1973. La capacité du disque de 8 pouces sera par la suite portée à 256 ko en simple face en 1973, puis à 512 ko en double face en 1976 et enfin à 1 200 ko (1,2 Mo) en 1977.
Compte tenu de ses performances et de son coût modique, la disquette va rapidement détrôner les cartes perforées et connaître d’importants développements. Le véritable succès populaire des disquettes viendra avec le micro-ordinateur Apple II : à sa sortie, en 1977, l’appareil est livré avec un lecteur enregistreur de cassettes comme périphérique de transfert de données, mais, dès 1978, il est doté de deux lecteurs de disquettes (5 pouces ¼) de Shugart Associates.
Le dernier et plus grand développement du disque souple viendra avec le format 3,5 pouces, une disquette mieux protégée dans un boîtier rigide ne s’ouvrant qu’à l’introduction dans le lecteur. Sa capacité de stockage atteint 1,44 Mo. Face à l’arrivée de nouveaux supports non magnétiques (CD, cartes mémoire, clés USB, etc.) et à la montée en puissance des transferts de données par réseaux numériques,[...]
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Écrit par
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
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