COMMERCIALISATION DU PREMIER MICROPROCESSEUR
À la fin des années 1960, Marcian Hoff (surnommé Ted Hoff), un jeune ingénieur de la société américaine Intel (Integrated Electronics), propose le concept du microcalculateur (le terme microprocesseur apparaissant plus tardivement) pour répondre à une commande de la société japonaise Busicom, spécialisée dans la fabrication de calculatrices programmables. Ce circuit monolithique comprend une unité centrale (processeur 4 bits) qui est associée à différentes mémoires permettant de stocker des programmes et des données, et à un module de gestion des entrées et sorties. Il peut réaliser, à partir d'opérations logiques élémentaires classiques (ou, et…), plusieurs applications grâce à différents programmes enregistrés dans les mémoires. On a ainsi, pour la première fois, une solution de circuit intégré conçu pour des applications spécifiques, que l'on peut produire en grande série et donc à faible coût (produit standard).
Le premier microprocesseur a été commercialisé en 1971 par Intel sous la référence 4004. La technologie de l'époque (PMOS, c'est-à-dire des procédés technologiques à base de composants métal-oxyde-semi-conducteur permettant de réaliser les fonctions logiques et analogiques du circuit intégré) permet alors des performances jugées aujourd'hui modestes (100 kHz de fréquence d'horloge) pour une consommation de 0,6 watt. Plus petit qu'un ongle, ce microcalculateur, comprenant 2 300 transistors, délivre la même puissance de calcul que l'ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer) construit en 1946 et occupant un volume de quelque 85 mètres cubes. Les quatre concepteurs – Marcian Hoff, ses collègues d’Intel Stanley Mazor et Federico Faggin, ainsi que Masatoshi Shima, de la société Busicom – recevront en 1997 le prix de Kyōto en « technologie avancée » pour le développement du premier microprocesseur.
Il est indéniable que le microprocesseur 4004 a été à l'origine du développement de la microélectronique, et plus particulièrement de la micro-informatique grand public (micro-ordinateurs). Il a consacré la suprématie des États-Unis dans le domaine des circuits intégrés. Son concept reste à la base des circuits complexes de ce xxie siècle (appelés Soc, pour system on a chip) qui sont au cœur de l’informatique nomade : tablettes tactiles, smartphones, objets connectés, drones, etc. Les microprocesseurs constituent le cerveau intelligent de ces nombreuses applications qui nécessitent à la fois une très grande puissance de calcul et une consommation d'énergie raisonnable et pour un faible coût.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joseph BOREL : vice-président de Microelectronics
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
Classification
Média