VIEUX PARIS COMMISSION DU
Instituée en 1897, la Commission du Vieux Paris, installée depuis 1975 à la Rotonde de La Villette, a pour mission « de rechercher les vestiges du Vieux Paris, de constater leur état actuel, de veiller à leur conservation, de suivre les fouilles et les transformations jugées indispensables et d'en conserver les preuves authentiques ». Étroitement liée à la Ville à laquelle elle sert de conseil en matière de conservation du patrimoine, la commission compte quarante membres nommés à vie auxquels s'ajoutent quinze membres élus par le conseil de Paris. Elle est présidée par le maire de Paris et compte trois vice-présidents, dont l'un remplit les fonctions de secrétaire général ; Michel Fleury occupe ce poste de 1955 à 2001. François Loyer lui succède jusqu'en 2007, date à laquelle la fonction est assurée par Marie-Jeanne Dumont.
Instance consultative, la Commission du Vieux Paris dispose néanmoins de moyens d'action. Tout d'abord, elle passe en revue les listes de « demandes en autorisation de démolir », ce qui l'amène à exercer une double mission de surveillance et de documentation. Les photographies des bâtiments voués à la démolition alimentent le Casier archéologique témoignant des images successives d'une ville en constant renouvellement. Mais il s'agit aussi de sauver des édifices que leur valeur historique, leur rareté ou leur beauté ne suffisent pas à préserver du vandalisme ordinaire. La maison de Balzac, les entrées du métro dues à Hector Guimard, la Chapelle expiatoire, l'hôtel de Rohan-Strasbourg, entre autres, ont été préservés par l'action de la Commission du Vieux Paris.
La commission est en outre l'héritière de l'Inspection des fouilles archéologiques, dont le principe remonte à Louis-Philippe et que Théodore Vacquer fut le premier à diriger : les notes de ce pionnier de l'archéologie parisienne, accumulées au cours de quarante-cinq ans de surveillance des grands travaux, demeurent une mine encore largement inexplorée. De même que l'urbanisme haussmannien est à l'origine des observations de Vacquer, de même l'activité édilitaire, surtout depuis l'après-guerre, motive des opérations de fouilles que la commission a assumées pratiquement seule jusqu'en 1983, à un moment où la direction des Antiquités historiques de la région parisienne disposait de moyens dérisoires.
Archéologie de sauvetage, l'archéologie urbaine doit réagir rapidement face à l'urgence des travaux et aux contraintes des aménageurs ; à cet effet la commission a élaboré un outil de prévision destiné à déterminer les zones sensibles du sous-sol, la Carte archéologique de Paris, qui recense les découvertes depuis le xixe siècle ; elle a également réimprimé l'ancien Plan archéologique de Paris du XIIe au XVIIIe siècle. Toutefois, ce cadre administratif et historique ne dispense pas d'une extrême vigilance, souvent relayée par les riverains.
Entre autres travaux, la fouille du parvis Notre-Dame a mis au jour l'emplacement du port de Lutèce et la fondation du rempart du Bas-Empire ; une crypte archéologique en conserve les vestiges, de même que dans la cour Carrée du Louvre où la moitié du soubassement du château médiéval a pu être mise en valeur. Dans la basilique de Saint-Denis, la tombe mérovingienne de la reine Arégonde a fourni des informations sur l'orfèvrerie et l'habillement. Grâce à la poursuite régulière des fouilles, l'urbanisme de Lutèce au Haut-Empire se précise : on connaît dorénavant l'aspect à la fois résidentiel et rural des quartiers du versant sud de la montagne Sainte-Geneviève, l'existence de voies obliques par rapport à l'axe nord-sud du cardo, signalées notamment par les fouilles de la place André-Honnorat et de l'École des mines ; la prétendue désertification[...]
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Écrit par
- Hélène ERISTOV : chargée de recherche au CNRS, unité mixte de recherche, archéologies d'Orient et d'Occident, École normale supérieure, Paris
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