Common people, PULP
Formé à l'état embryonnaire en 1978, ce groupe britannique est dominé par la personnalité de son chanteur, Jarvis Cocker, originaire de Sheffield. Les débuts de Pulp sont difficiles car leur premier album, Freaks (1986), sorti très longtemps après leurs débuts sur un petit label local, Fire, demeure confidentiel. Deux ans plus tard, Jarvis Cocker s'installe à Londres. Son groupe, qui ne joue alors presque plus, sort pourtant de l'ombre en 1991 avec le single My Legendary Girlfriend. En 1993, le groupe rejoint le label Island et, l'année suivante, l'album His 'n' Hers leur permet d'élargir considérablement leur audience. On découvre alors des textes où l'autodérision fait appel aux références les plus kitsch. Avec l'album suivant, Different Class, publié en 1995, Pulp rencontre un succès considérable, particulièrement au Royaume-Uni. Le chanteur et leader à la personnalité haute en couleur devient très médiatique et attire les jeunes fans.
Common People est un tube de cet album Different Class. Dans cette chanson, l'auteur porte un regard acerbe sur la société de l'exclusion, où les favorisés adoptent parfois l'apparence de pauvres par pur effet de mode. À son écoute, on comprend pourquoi le groupe Pulp a été classé dans la brit pop, appellation fourre-tout qui permet néanmoins de désigner l'ensemble des groupes britanniques des années 1990 ayant diversement réinterprété le langage pop.
Conforme à l'idée de Pierre Dac selon laquelle «celui qui emprunte à tout le monde ne doit rien à personne», ce morceau confirme l'importance de la référence, de la citation, voire du pastiche, dans l'histoire de la musique populaire et en particulier du rock et de la pop. En plus du timbre du chanteur, beaucoup d'éléments rappellent le meilleur David Bowie et le courant glam* rock en général. Loin de constituer une répétition stérile, cette obsession pour les musiques du passé, qui entraîne l'utilisation constante d'archétypes dans la grammaire musicale, peut être envisagée comme un processus créatif par le jeu des réappropriations successives.
Le chant, d'abord dans le souffle, puis mezzo forte et enfin en voix pleine, évolue suivant un principe de crescendo. Les guitares saturées jouent, sur les degrés principaux, de longues notes puis des croches avec fondamentale et quintes dans le refrain. La batterie reproduit alors le motif de grosse caisse et de caisse claire d'usage (deux croches, une noire). Une certaine trivialité est apportée par des synthétiseurs bon marché utilisés comme base (dans la pédale en croches du couplet) ou comme ponctuation (effets divers comme le portamento).
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore