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COMMUNAUTARISME

Le juste et le bon

Pourtant, manié avec prudence, le vocable « communautarisme » conserve une réelle pertinence. Même partie d'intentions politiques très différentes, la démarche des quatre principaux auteurs communautariens obéit aux mêmes principes directeurs. Tous sont unis par une commune défiance vis-à-vis des principes du libéralisme politique, lequel ne tiendrait pas suffisamment compte, pour la formation de nos identités et de nos jugements politiques, de notre insertion dans une communauté. Le communautarisme s'appuie sur la conviction qu'on ne peut pas, comme le voudraient les libéraux, fonder une société exclusivement sur un respect des règles de droit et sur un attachement à des principes formels qui n'induiraient aucune reconnaissance de nos « significations partagées » et de nos systèmes de valeurs.

Axée sur le concept d'appartenance, une communauté politique ne repose pas seulement sur un lien coopératif mais est déjà constituée avant tout choix individuel. À la différence des associations volontaires ou des attachements contingents, fondés sur des similitudes en matière de goûts et d'habitudes de consommation, ces communautés constitutives ne signifient pas seulement que nous avons des attachements communautaires – ce que le libéralisme reconnaît parfaitement – mais que l'identité des individus est en partie constituée par la communauté à laquelle ils appartiennent. Il leur est donc impossible de faire abstraction de cette appartenance au moment de déterminer quels sont les principes de justice qui vont gouverner leur société. C'est pourquoi on ne peut pas, selon les communautariens, définir une conception de la justice sur une base abstraite, mais seulement en se référant aux valeurs substantielles véhiculées par les traditions d'une communauté historique particulière. Contre une théorie libérale jugée désincarnée car coupée des réalités concrètes, le communautarisme entend dégager les conceptions de la « vie bonne » qui devraient, selon lui, présider à la détermination d'une forme de justice adaptée à la nature de chaque société particulière.

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