COMMUNE DE PARIS
La Commune combattante
Entre la dictature et l'anarchie
Mais la Commune gouverna dans le désordre, oscillant sans cesse entre la dictature et l'anarchie. Les responsables des diverses commissions chargées des services ministériels changèrent à plusieurs reprises, en ce qui concerne particulièrement les affaires militaires. Comme la situation s'aggravait, les « jacobins » de la Commune firent voter, par 45 voix contre 23, la formation d'un Comité de salut public, dont l'intervention dans les affaires de la guerre fut particulièrement malheureuse. Renouvelé, avec l'appui de la minorité cette fois, après la démission du délégué à la guerre Rossel, le nouveau Comité de salut public prit quelques mesures salutaires, mais trop tardives. La lutte entre majorité et minorité, les rivalités de personnes minaient la Commune de l'intérieur ; à l'extérieur, l'ingérence continuelle du Comité central de la garde nationale dans les affaires militaires paralysait son pouvoir. La prolifération anarchique de comités divers, qui soutenaient la révolution, l'affaiblissait en même temps, en particulier en ce qui concerne la défense de la Commune. La Commune se méfiait des militaires qu'elle avait délégués à la guerre : de l'aventurier Cluseret aussi bien que du généreux Rossel. Les gardes nationaux les plus ardents étaient des combattants révolutionnaires, qui répugnaient à une discipline nécessaire. Enfin, des tentatives de conciliation de la part de l'Union des chambres syndicales, de l'Union républicaine des droits de Paris, des députés de Paris, des membres de la franc-maçonnerie, alors qu'il ne pouvait y avoir de conciliation entre la Commune et Versailles, n'eurent pour effet que d'amoindrir la résistance de Paris.
Une lutte inégale
Paris n'eut jamais plus de 40 000 combattants, auxquels il faut ajouter des femmes et des adolescents. Thiers, au contraire, avait, avec l'appui de Bismarck, reformé son armée : elle comptait 63 500 hommes, auxquels s'ajoutèrent 130 000 prisonniers libérés d'Allemagne. Jusqu'aux élections de la Commune, il n'y a guère que quelques escarmouches. Mais, le 30 mars, les fédérés sont délogés du rond-point de Courbevoie. Le 2 et le 3 avril, les fédérés essayent de prendre l'offensive. Flourens et Duval sont exécutés par les « versaillais ». À ces exécutions de prisonniers, la Commune répond par le « décret des otages », qui d'ailleurs ne sera pas appliqué. Du 11 avril au 21 mai, la lutte se poursuit autour de Paris. Le général de la Commune, Dombrowski, inflige aux versaillais des pertes importantes. Mais, après une courte trêve qui permet aux habitants de quitter Neuilly en ruines, les versaillais reprennent leurs attaques. Les forts du Sud sont intensément bombardés. Le fort d'Issy, abandonné un moment, est repris par les fédérés. C'est alors que la Commune remplace Cluseret par Rossel (30 avril), qui essaie en vain de réorganiser l'armée fédérée. À partir du 1er mai commence le bombardement systématique de Paris par l'armée versaillaise. Dans la nuit du 3 au 4 mai, la redoute du Moulin-Saquet tombe, puis, le 8, le fort d'Issy, qui n'est plus qu'une ruine. Las, dégoûté, Rossel donne sa démission de délégué à la Guerre ; il est remplacé par un délégué civil, le vieux jacobin Delescluze. Le 13, le fort de Vanves tombe à son tour. Passy, Grenelle, Auteuil, la Muette croulent sous les obus versaillais.
L'énergie du désespoir
Le dimanche 21 mai, les troupes gouvernementales entrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Pendant une semaine, la semaine sanglante, les combattants de la Commune luttent quartier par quartier, maison par maison, barricade par barricade. Les versaillais fusillent tous ceux qu'ils prennent les armes à la main ;[...]
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Écrit par
- Édith THOMAS : conservateur aux Archives nationales
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Médias
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