COMMUNICATION Communication de masse
Par communication de masse, on entend l'ensemble des techniques contemporaines qui permettent à un acteur social de s'adresser à un public extrêmement nombreux. Les principaux moyens de communication de masse ou mass media sont la presse, l'affiche, le cinéma, la radiodiffusion et la télévision. Sous leur forme actuelle en tout cas, il s'agit de techniques caractéristiques du xxe siècle et nées dans la société industrielle avancée. Cependant, il est frappant de constater que leur implantation tend, aujourd'hui, à précéder l'industrialisation dans les pays en voie de développement.
À partir de 1930 environ, la communication de masse est apparue comme un problème social. Jusqu'alors, seul le rôle de la presse écrite, essentiellement conçue comme un moyen d'information, et principalement d'information politique, avait fortement attiré l'attention. Mais, au cours des années trente, le cinéma parlant se développe ; la radio, la presse quotidienne et les magazines adoptent de nouvelles formules, fondées d'abord sur la recherche d'un contact aussi direct que possible avec la masse du public ; en même temps, on travaille à la mise au point de la télévision. D'où un très vif intérêt pour les mass media, et surtout pour leur éventuelle efficacité dans des domaines tels que la propagande politique, la publicité, ou même l'éducation. D'où également, en particulier dans les milieux intellectuels, une vive crainte de l'emprise qu'ils pourraient avoir sur la population et de ses conséquences sociales et culturelles. Ces espoirs et ces inquiétudes vont alimenter une forte demande sociale en matière de recherche sur les effets de la communication de masse. Aux États-Unis en particulier, de nombreuses enquêtes sont organisées et, jusque vers 1960, la recherche en ce domaine va constituer l'un des secteurs les plus actifs des sciences sociales. Elle éprouvera cependant quelque difficulté à se dégager de la manière dont les problèmes ont été posés par l'opinion publique. Difficulté dont témoigne l'ambiguïté du terme même de « masse », employé tantôt dans un sens normatif (le public en tant qu'il est jugé irresponsable ou inculte, ou le public en tant qu'il est trompé et « manipulé »), tantôt dans un sens simplement quantitatif (le public en tant qu'il est très nombreux). Les sciences sociales s'efforceront pourtant de ne retenir que la seconde de ces acceptions.
Selon Harold Lasswell (1948), le champ de la communication peut être défini par les cinq termes de la question : « Qui dit quoi, par quel canal, à qui, avec quels effets ? » Les études en matière de communication comporteront donc cinq secteurs : émetteurs, contenu, medium, audience, effets. Ainsi, le couple behavioriste stimulus-réponse (quoi, avec quels effets) est situé dans le jeu des rapports sociaux (qui, à qui). L'évolution de la recherche et des idées a fortement déplacé chacun des termes du schéma dans l'application qui a pu en être faite aux communications de masse. La sociologie américaine des mass media a implicitement remis en cause la notion d'effet en resituant l'action des mass media au sein d'un ensemble de facteurs très divers. D'autre part, s'est dessinée, surtout en Europe, une forte tendance à mettre en avant la dimension culturelle de la communication de masse (cf. sociologie demasse Culture de masse). Au fur et à mesure que l'étude des communications de masse a dépassé le champ de l'information, pour atteindre en particulier celui de la fiction, les analystes ont été amenés à relier l'étude de la communication de masse à des données d'ordre psychologique, psychanalytique ou anthropologique.
Toutefois, depuis les années soixante-dix, il apparaît que l'étude des communications[...]
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Écrit par
- Olivier BURGELIN : maître assistant à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Média
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