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COMMUNISME Histoire

Le communisme fut couramment présenté, jusqu'à l'effondrement du système soviétique, comme une interprétation de l'histoire permettant tout à la fois de justifier l'antériorité du projet marxiste sur tous les autres et de ne pas lui interdire d'apparaître comme l'aboutissement évolutionniste de l'histoire de l'humanité. Nous n'avons pas cherché ici à lui trouver autant d'ancêtres qu'il s'en était naguère annexé dans la sphère de l'histoire (paysans italiens en révolte, au début du xive siècle, que les Fraticelli franciscains ramenaient, selon Kautsky, vers le communisme primitif) ou dans celle de la théorie (le Platon de la République, dont la société égalitaire était fondée sur la participation de l'homme libre à la vie politique bien plus que sur des relations maître-esclave).

Le communisme moderne, conçu comme paradis perdu, pousse plus profondément ses racines dans l'histoire des idées que dans celle des hommes. Même si ces derniers se sont peut-être attachés à en effacer les traces, éphémères et dispersées, le thème d'une société idéale reposant sur la communauté des biens apparaît vraiment au xvie siècle dans l'utopie de Thomas More, s'incarne au xviie siècle dans la république chrétienne des Guaranis (Paraguay), avant de faire l'objet, à partir du xviiie siècle, d'une théorisation puis d'un travail de consolidation et de ressourcement permanents. Ce bonheur primitif prend réellement corps à la lecture de Jean-Jacques Rousseau, inspiré par le mythe du bon sauvage. Tout au long du xixe siècle, et avec de multiples variantes, la pensée de gauche fonde sa vision de la société démocratique future sur les bases qu'en a jetées le philosophe genevois et telles que la Révolution française a tenté de les mettre en œuvre.

C'est avec le développement du prolétariat industriel et la formation du mouvement ouvrier, dans un contexte de lutte révolutionnaire sur-déterminée par des questions nationales (1848), que le communisme bascule vers un projet universaliste qui vise à changer effectivement les bases de la société. Celle-ci étant le champ d'une lutte de deux classes à l'échelle mondiale, il convient de constituer, pour en réussir la subversion, un parti de la classe ouvrière de dimension planétaire. Le marxisme, qui s'impose comme son exclusif substrat idéologique, lui procure une philosophie de l'histoire qui lui garantit de constituer la dernière étape d'une accession de l'humanité à la société parfaite. Tout a en effet commencé avec le communisme primitif qui, dégradé en matriarcat puis en patriarcat, conduisit, beaucoup plus tard, à l'esclavagisme antique, au servage médiéval et, finalement, à l'avènement du capitalisme bourgeois. Du refus d'endosser le patrimoine de cette société bourgeoise dans ses acquis naît un projet global, qui aspire à donner à la fois à l'humanité un regard définitif sur son passé et la certitude d'un devenir heureux. Cette complétude lui assure près de cent cinquante ans de pérennité idéologique.

Aux origines

« L'homme est né libre et partout il est dans les fers », constate Rousseau dans le premier chapitre du Contrat social (1762). Seule la volonté générale, c'est-à-dire l'accord entre les individus qui composent la société dans son ensemble, garantie par la souveraineté populaire, peut faire du pouvoir politique l'expression même du Bien et permettre l'émancipation humaine. Une pensée en rupture avec celle des philosophes du siècle, qui voient dans le despotisme éclairé la forme d'un gouvernement soumis à la raison universelle. Et une conception qui se démarque de leurs inspirateurs, en premier lieu Hobbes, partisan d'un État indépendant et d'un pouvoir fort au sein[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Médias

Députés des soviets - crédits :  Central Press/ Getty Images

Députés des soviets

Rosa Luxemburg - crédits : Henry Guttmann/ Getty Images

Rosa Luxemburg

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Lénine à Moscou, 1919

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