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COMMUNISME Vue d'ensemble

Le terme communisme et les doctrines qui lui sont attachées furent au xxe siècle principalement associés à une histoire, celle de l'U.R.S.S. et du mouvement communiste international. Le siècle du communisme ainsi compris ne peut s'analyser indépendamment du rôle joué par l'U.R.S.S. Bénéficiant de l'antériorité due à sa « réussite historique » et de ce qui l'accompagne, le prestige, qui facilite toutes les idéalisations, ainsi que le pouvoir d'État qui procure moyens institutionnels, financiers et matériels, mais accroît les dépendances, l'U.R.S.S., sous l'égide du Parti bolchevique, s'est arrogé le monopole « du » communisme (du moins de sa représentation dominante), rejetant dans l'oubli, aux marges ou dans l'hérésie, les points de vue doctrinaux qui contestaient sa légitimité. L'Internationale communiste, fondée à Moscou en 1919, appelle à la constitution de partis communistes dans le monde entier, destinés à devenir des sections nationales d'un parti international. L'appel déclenche un vaste mouvement de scissions et de ralliements, minoritaires souvent, parfois majoritaires comme en France en décembre 1920, au congrès de Tours. S'il arrive que, pour des raisons d'opportunité (répression, interdiction d'utiliser le mot « communiste »), d'autres dénominations soient utilisées, « communisme » et « communiste » s'imposent comme labels sous l'effet d'entreprises symboliques, soit exogènes, et ce sont autant d'assignations identitaires (l'anticommunisme prend ici son élan), soit endogènes, manifestant ainsi une revendication d'une identité politique irréductible à toute autre.

S'annonçant au monde comme prélude à la création d'une société que caractériseraient l'internationalisme, le dépérissement de l'État, la participation populaire à la vie politique (les soviets) et la remise en cause des principaux rapports de domination, l'histoire de l'U.R.S.S., en particulier sous le

stalinisme, emprunta de fait des voies bien différentes. L'État répressif, le réinvestissement idéologique de la tradition, le nationalisme de grande puissance, le désinvestissement de la vie politique à l'exception des groupes restreints que sut promouvoir le nouveau régime (la plébéiannisation des élites sociales et politiques) ont démenti les projets annoncés, même si le mythe de leur mise en œuvre fut entretenu le plus longtemps possible. Rarement l'écart entre les motifs allégués, la filiation revendiquée et les pratiques politiques et sociales ne fut aussi manifeste, écart souvent vécu par les bolcheviks eux-mêmes puis par les communistes non sans tourments, contradictions ou mauvaise foi.

Avec les conquêtes et les révolutions consécutives à la Seconde Guerre mondiale s'édifie dans la seconde moitié du xxe siècle un vaste système communiste marqué dans une première phase par l'évolution stalinienne de l'U.R.S.S. et doté d'institutions propres (le Kominform, le Comecom, etc.). Bénéficiant de sa puissance militaire et du prestige associé à son rôle dans la Seconde Guerre mondiale, l'U.R.S.S. impose son modèle d'exercice du pouvoir et de développement économique (collectivisation des campagnes, industrialisation, planification bureaucratique). Puis, dans une seconde phase, après 1956, progressivement, ce système unifié est frappé d'entropie sous l'effet de multiples causes endogènes et exogènes jusqu'à l'effondrement des principaux régimes communistes en 1989-1991 ou leur mutation sous l'égide de partis communistes convertis à l'économie de marché (cas exemplaire de la Chine populaire). Quant aux partis communistes des pays non communistes, ils ont soit disparu soit été marginalisés.

— Bernard PUDAL[...]

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