COMORES
Nom officiel | Union des Comores (KM) |
Chef de l'État et du gouvernement | Azali Assoumani (depuis le 3 avril 2019) |
Capitale | Moroni |
Langues officielles | Arabe, comorien, français |
Unité monétaire | Franc des Comores (KMF) |
Population (estim.) |
860 600 (2024) 3
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Superficie |
1 861 km²
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Histoire
Les Comoriens : Africains et Orientaux
Il est difficile de dater avec précision l'arrivée des premiers habitants, mais il est vraisemblable que le peuplement d'origine africaine précéda la venue des Arabo-Shirazi et des Malgaches. Il semble probable que la vague de population africaine originaire de la côte orientale d'Afrique a atteint les Comores à l'âge du fer, entre le ve et le xe siècle. Malheureusement, on ne sait que peu de chose sur cette période. Ont-ils été les premiers ? Ont-ils été précédés par des Protomalgaches en route vers Madagascar ? ou par ces navigateurs commerçants d'origine indéterminée désignés ultérieurement comme Antalotes ? Toujours est-il que la chronique de Saïd Bakari qui relate l'origine des sultanats de Grande Comore suggère que les premiers arrivants venaient d'Afrique. La chronique de Kilwa, quant à elle, fait remonter la venue des premiers Arabo-Shirazi au xie siècle à Anjouan (Kilwa fut érigé en sultanat par un prince persan originaire de Shiraz, en 975). Les courants marins et les régimes des moussons rendent également plausibles des passages, à une époque reculée, de gens venant d'Asie du Sud-Est. Certains éléments très anciens de la civilisation comorienne proviennent probablement, directement ou non, de cette région (pirogue à balancier, bétel, cocotier et peut-être riz). De toute façon, ce n'est sans doute qu'à partir du xvie siècle que l'arrivée aux Comores d'une nouvelle vague d'Arabo-Shirazi (venant soit directement de « Shiraz », terme désignant, en fait, le golfe Arabo-Persique, soit de la côte est du continent appelée Zanj ou Mrima) transforma en profondeur la société existante, les nouveaux venus dominant les chefs traditionnels et/ou s'alliant à eux par des mariages. C'est de cette époque que datent des sources écrites, manuscrits en arabe, en swahili ou en comorien en graphie arabe, qui permettent de reconstituer des généalogies. On dispose parallèlement de récits de navigateurs européens : les Portugais s'installèrent même en Grande Comore de 1500 à 1505, déclenchant un mouvement de fuite des Grands-Comoriens vers les autres îles, et notamment à Mchambara (qui deviendra M'zamboro) au nord-ouest de Mayotte. L'archipel est désormais organisé en sultanats et la société divisée en classes plus ou moins rigides (wakabaila : les « nobles » ; une classe d'hommes libres : agriculteurs, bouviers, pêcheurs ; les esclaves). L'islamisation s'impose de façon plus générale : construction de la première mosquée en pierre de Mayotte, à Chingoni en 1566, et de celle d'Anjouan, à Sima, à peu près à la même époque. C'est au xvie siècle également qu'une troupe de Malgaches Sakalava s'établit dans le sud de Mayotte. Dès cette période coexistent dans l'île un peuplement arabo-shirazi au nord et un peuplement sakalava au sud, le tout sur fond d'origine africaine.
Aux xvie et xviie siècles, des navigateurs européens, en route vers les Indes, font escale aux Comores. À partir du milieu du xviiie siècle, les quatre îles sont victimes de razzias organisées par des pirates malgaches. Ces incursions affaiblissent les îles et poussent les sultans à rechercher la protection des grandes puissances. En 1841, Mayotte est aux mains d'un sultan né à Madagascar, Andrian Souli, qui, sentant le contrôle de l'île lui échapper, préféra la vendre au commandant Passot de la marine française contre une rente viagère de 1 000 piastres. Louis-Philippe entérina cette acquisition en 1843. L'installation de la France à Mayotte fut suivie de cinquante ans de rivalités franco-britanniques dans l'océan Indien, particulièrement dans les autres îles qui, de ce fait, demeurèrent formellement indépendantes. Mais le rôle prédominant joué par quelques aventuriers[...]
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Écrit par
- Marie-Françoise ROMBI : chargée de recherche au C.N.R.S., sous-directeur du Laboratoire de langues et civilisations à tradition orales, U.P.R. 3121 du C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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