SAINT-SULPICE COMPAGNIE DES PRÊTRES DE
Société de prêtres (qu'on appelle aussi Sulpiciens) issue, au xviie siècle, de l'établissement fondé par Jean-Jacques Olier et désigné sous le nom de séminaire de Saint-Sulpice à cause de la paroisse parisienne auprès de laquelle il fonctionnait dès 1642. Cet établissement fit rapidement école : des évêques français, désireux de réformer leur clergé, font appel aux « messieurs de Saint-Sulpice ». Ainsi le cadre parisien se trouva-t-il dépassé et les directeurs de ce séminaire constituèrent-ils, selon le mot de Saint-Simon, « une manière de congrégation » apte à fournir presque partout des éducateurs de prêtres. Les premiers successeurs d'Olier, Bretonvilliers (mort en 1676) et Tronson (mort en 1700), furent les législateurs de cette nouvelle compagnie composée de prêtres séculiers disponibles pour servir en tout diocèse à la formation des clercs. Là où l'on ne dispose pas d'enseignement universitaire, les Sulpiciens se font aussi professeurs ès sciences ecclésiastiques. Dans la France du xviiie siècle, ils œuvrent dans quinze diocèses ; la mission de Montréal (1657) est sévèrement limitée sous le régime anglais (1763). Quoique d'origine parisienne et restant dirigée de Paris, la Compagnie groupa surtout des gens originaires de la province ; et si le séminaire de Saint-Sulpice se caractérisait par son recrutement aristocratique, son corps professoral était plutôt constitué par une solide bourgeoisie provinciale, dont Émery fut l'un des meilleurs représentants. La forte spiritualité, sinon la mystique, des débuts s'était nettement rationalisée et comme fondue dans le courant moralisateur du classicisme chrétien.
Paradoxalement, la dispersion de 1792 assura à la Compagnie un rayonnement beaucoup plus étendu. D'abord, Émery s'avisa que ses confrères inemployés en France pouvaient répondre à l'appel des catholiques des États-Unis : le séminaire de Baltimore (1792) allait fournir plusieurs évêques à d'immenses diocèses. Puis, dans la France concordataire, où les ordres religieux n'avaient pas encore droit d'exister et où les sociétés similaires (tels les Oratoriens, les Doctrinaires...) n'avaient pas survécu à la Révolution, les Sulpiciens reprirent progressivement une vingtaine de séminaires. Celui de Saint-Sulpice, seul à subsister à Paris au lieu des huit qui fonctionnaient en 1789, fut célèbre par le sérieux de l'éducation spirituelle et la ferveur apostolique qui y régnaient, même si le niveau intellectuel y déçut Lacordaire et Renan. On y vint de toute la France, de Pologne, d'Irlande, d'Amérique ; et nombre de diocèses français ou étrangers cherchèrent à adopter, pour leur séminaire et, par là, pour leur clergé, l'« esprit » de Saint-Sulpice. Face à ses tâches d'enseignement, Saint-Sulpice, « école normale du clergé », a-t-on dit, forme progressivement ses professeurs ; c'est en droit canonique (Carrière, Icard, Many) puis en exégèse biblique (Le Hir, Vigouroux, André Robert) qu'ils s'imposent davantage.
La Compagnie, qui n'avait jamais dépassé 140 membres sous l'Ancien Régime, s'accroît fortement au xixe siècle : des 30 confrères regroupés en 1803, on passe à 298 en 1875 et à 415 à la veille de la séparation (1904). Si la progression a continué à l'époque la plus récente, on le doit surtout au développement des communautés du Canada et des États-Unis (respectivement 160 et 157 en 1973, contre 295 pour la province de France). L'extension dans l'espace est encore plus sensible avec la prise en charge, à partir de 1930, de séminaires au Vietnam, au Japon, en Colombie, au Dahomey (aujourd'hui Bénin), en Haute-Volta (Burkina Faso), en République démocratique du Congo. La structure de la Compagnie s'est, entre-temps, modifiée : son conseil est international, les charges[...]
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Écrit par
- Irénée NOYE : sulpicien, archiviste de la Compagnie de Saint-Sulpice, ingénieur au C.N.R.S.
Classification
Autres références
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