COMPORTEMENT ANIMAL Communication animale
Canaux de communication
Communication chimique
La communication chimique n'est pas celle à laquelle on pense en premier lieu ; il s'agit pourtant du canal de communication le plus fréquent dans le monde animal, dans la mesure où il est très utilisé par les invertébrés, notamment les insectes, animaux les plus nombreux tant en nombre d'espèces qu'en nombre d'individus (un million d'espèces d'insectes répertoriées et plusieurs millions d'espèces estimées). Elle s'effectue grâce à des substances appelées phéromones. Ces dernières peuvent être définies comme des substances émises par un individu et dont le rôle est de modifier le comportement ou la physiologie d'un autre individu de la même espèce (cf. phéromones). Il en existe de très nombreux exemples chez les insectes. Ainsi, chez les papillons de nuit, insectes essentiellement solitaires, les phéromones émises par les femelles permettent d'attirer les mâles, jusqu'à un rayon de dix kilomètres pour le bombyx du mûrier. Chez des insectes grégaires, comme les blattes, des phéromones d'agrégation incitent les individus à se regrouper. Chez les abeilles, insectes sociaux par excellence, au moins trente phéromones différentes ont déjà été répertoriées. Les abeilles ouvrières relâchent une phéromone particulière (phéromone de marquage attractif ou phéromone de Nasanov) sur les sites où elles trouvent de la nourriture ou de l'eau afin d'attirer leurs congénères. Mais elles produisent aussi une phéromone qui dure moins longtemps (phéromone de marquage répulsif) pour marquer les fleurs qu'elles viennent juste de vider de leur nectar, afin que les autres ne perdent pas leur temps à les « visiter ». L'odeur dure environ une heure, ce qui correspond au temps nécessaire à la fleur pour se remplir à nouveau de nectar. Les abeilles peuvent détecter d'où vient une odeur grâce à deux récepteurs olfactifs, un au bout de chaque antenne, appelés chémorécepteurs (tout comme nous pouvons localiser la provenance d'un son grâce à nos deux oreilles). Une phéromone produite par les glandes mandibulaires de la reine des abeilles (phéromone royale mandibulaire) a un effet de contrôle sur le développement des larves, les empêchant de se développer pour donner des reines, les larves devenant alors des ouvrières stériles. Lorsque la reine vieillit, cette phéromone est émise en quantité moins importante et certaines larves peuvent alors donner des reines, à la condition de recevoir une nourriture appropriée (comportant notamment la fameuse gelée royale). De même, le développement des jeunes ouvrières est régulé par une autre phéromone (phéromone de couvain) émise par les ouvrières plus âgées. Une jeune abeille commence par travailler à l'intérieur de la ruche et n'ira butiner dehors que vers la fin de sa vie. Cette séquence dans la succession des comportements dépend d'une hormone appelée hormone juvénile qui augmente avec l'âge de l'ouvrière. La phéromone émise par de vieilles ouvrières inhibe l'hormone juvénile et retarde donc la maturation des comportements des jeunes abeilles. Si l'on supprime expérimentalement des ouvrières butineuses (et, donc, les phéromones qu'elles émettent), les jeunes ouvrières deviendront butineuses plus tôt. Les abeilles émettent également des phéromones d'alarme, en cas d'attaque par un prédateur, par exemple. Les fourmis communiquent aussi beaucoup par phéromones. Une fourmi ayant trouvé de la nourriture laisse ainsi, lors de son retour vers la fourmilière, une trace odorante, appelée phéromone de piste, qui permettra aux autres ouvrières de retrouver la source de nourriture (fig. 1).
Les invertébrés ne sont cependant pas les seuls à communiquer par les odeurs. Les mammifères le font également. Chez[...]
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Écrit par
- Dalila BOVET : éthologue, maître de conférences
Classification
Médias
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