COMPORTEMENT ANIMAL Communication animale
Communication honnête ou malhonnête
La communication est souvent à bénéfices mutuels. Elle est alors dite honnête, les émetteurs d'un signal ayant intérêt à ce que les informations qu'ils transmettent soient fiables. Certains animaux affichent des signaux prouvant leur bonne forme physique lorsqu'ils voient un prédateur. Ainsi, les gazelles de Thompson font de grands bonds lorsqu'elles aperçoivent un prédateur ; les alouettes chantent alors qu'elles sont poursuivies par un faucon. Ces comportements, à première vue paradoxaux, peuvent s'expliquer car les animaux capables de telles performances sont effectivement les plus difficiles à attraper. Le prédateur renonce alors à la poursuite, économisant son énergie. Le bénéfice est également mutuel dans le cas des partenaires sexuels qui affichent leur réceptivité ou leur non-réceptivité.
Cependant, la communication peut aussi être « malhonnête ». Certains individus détournent les signaux de communication normalement utilisés par d'autres. Chez les mouches-scorpions, par exemple, le mâle offre une proie (petit insecte) à la femelle au cours de la parade sexuelle. Durant cette période, certains mâles adoptent une posture typique des femelles afin d'attirer les autres mâles qui leur proposent une offrande ; le mâle « trompeur » s'envole alors en emmenant la proie qui lui servira pour séduire une femelle.
À première vue, les animaux auraient souvent intérêt à passer pour ce qu'ils ne sont pas : plus forts, plus courageux, en meilleure santé, etc., tant pour attirer les femelles que pour repousser leurs rivaux. De fait, les animaux qui se battent adoptent généralement des comportements les faisant paraître à leur avantage : certains d'entre eux, comme les chiens, hérissent leurs poils pour paraître plus gros ; d'autres se présentent de profil afin d'être plus imposants (ce comportement est souvent observé chez les chatons qui jouent) ; les chimpanzés courent, jettent des pierres, secouent des branches et font le plus de bruit possible pour montrer leur force, etc. Cependant, la tromperie a un coût : si le rival ne cède pas et que le combat ait lieu, ce dernier sera au désavantage du plus faible. De plus, un signal qui ne serait pas du tout corrélé aux capacités d'un individu perdrait, au cours de l'évolution, sa valeur communicative, puisqu'il ne signifierait plus rien. Les signaux émis par les mâles pour impressionner leurs rivaux sont donc généralement liés à leur taille, leur vigueur, etc. À quelques exagérations près, ils sont donc globalement fiables. Par exemple chez les crapauds, seuls les individus les plus gros peuvent coasser dans les fréquences les plus graves. Quant aux femelles, elles sont généralement attirées vers les mâles par des signaux corrélés avec la bonne santé et ne pouvant être falsifiés car ils sont coûteux à produire. Par exemple, chez les oiseaux, les femelles sont généralement attirées par les mâles les plus actifs, arborant un plumage brillant, des couleurs vives (le rouge et l'orange notamment), des attributs symétriques, propriétés que l'on retrouve plus fréquemment chez des mâles en bonne forme et bien nourris (cf. comportement reproducteur).
Les animaux peuvent-ils communiquer intentionnellement des informations fausses ? Il est difficile d'en être certain, pourtant quelques observations semblent le montrer. Ainsi, un singe vervet a été observé dans la nature poussant un cri d'alarme au léopard (en l'absence d'un quelconque prédateur) lors d'une rencontre entre deux groupes ennemis, au moment où les membres de son groupe avaient le dessous. Ce cri provoqua la dispersion des membres des deux groupes qui se précipitèrent dans les arbres, cessant ainsi le combat. De même, des chercheurs ont observé, à plusieurs reprises, le même jeune [...]
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Écrit par
- Dalila BOVET : éthologue, maître de conférences
Classification
Médias
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