COMPORTEMENT ANIMAL Comportement reproducteur
La diversité des signaux de séduction
Les animaux utilisent tous les modes de communication et tous les canaux sensoriels pour produire et transmettre efficacement leurs signaux de séduction. Ces derniers sont en fait rarement limités à la séduction ; ils servent également à s'imposer face aux autres séducteurs. Cependant, que ce soit le visuel, l'acoustique, l'olfactif ou le tactile, ces sens sont souvent combinés pour mieux séduire. Les ornements multiples se trouvent surtout chez les espèces polygynes, c'est-à-dire dont les mâles s'accouplent avec plusieurs femelles.
Les signaux visuels
Ils sont généralement associés à des coûts énergétiques importants liés à la répétition des mouvements de parade utilisés pour mettre en valeur leur coloration. Des parades visuelles très spectaculaires se rencontrent chez les oiseaux qui forment des « leks », regroupements de mâles parmi lesquels les femelles choisissent de s'accoupler avec certains partenaires pour ensuite s'occuper seules de la nidification et de l'élevage des jeunes. Par exemple, chez le tétras des armoises, un oiseau d'Amérique du Nord, le mâle gonfle une poche de quatre litres d'air, dressant son œsophage et présentant les deux plaques orange de sa gorge. Simultanément, il déploie l'éventail brun rayé de blanc de sa queue, puis vide brusquement son sac d'air en produisant un son puissant et directionnel qui peut s'entendre à plus d'un kilomètre. Les nombreuses études menées sur cette espèce ont montré que ce n'était pas les caractéristiques physiques des mâles qui étaient les plus attractives pour les femelles, mais leur vigueur à parader. En effet, parader multiplie leur dépense énergétique par quinze, et certains mâles dépensent deux fois plus d'énergie que d'autres. Cette vigueur des mâles est certainement le reflet de leur qualité pour les femelles et leur descendance. Les parades en leks sont aussi très spectaculaires chez les paradisiers, le paon bleu d'Asie, et les manakins, cotingas et coqs de roche d'Amérique tropicale. Il existe même des espèces comme le manakin fastueux chez lesquelles la parade des mâles est coopérative. Plusieurs mâles exécutent alors une danse coordonnée, mais seul le mâle dominant peut s'accoupler. Les autres mâles auront éventuellement plus de succès lors d'une future saison de reproduction.
En revanche, au cours de l'évolution, les ornements de certaines espèces ont été en quelque sorte « transférés » hors du corps du mâle, vers l'élaboration de structures externes utilisées pour attirer les partenaires sexuelles (cf. constructions animales). C'est le cas des oiseaux à berceaux ou jardiniers d'Australie. Les espèces qui construisent les berceaux les plus élaborés présentent les colorations les plus ternes. Par exemple, le jardinier prince régent est brillamment coloré de jaune et noir, mais ne construit qu'un simple berceau de tiges dressées sans décoration. Le jardinier satiné a un plumage noir brillant avec un iris bleu vif ; son berceau est simple mais décoré de pétales, de coquilles et de fruits, surtout bleus. Le jardinier de Macgregor accroche des branchages autour d'un pilier positionné au centre d'une arène circulaire surélevée, et y attache des objets colorés ; le mâle est d'un marron uniforme avec une crête jaune. Le jardinier brun est le moins coloré, mais il construit une structure couverte, sorte de hutte décorée d'ailes de papillons, d'élytres de coléoptères, de coquilles, de fruits, de feuilles et de fleurs.
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Écrit par
- Marc THÉRY : docteur de l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, chargé de recherche au C.N.R.S.
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Médias
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