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COMPORTEMENT ANIMAL Comportement reproducteur

Les stratégies d'appariement

La différence de taille et du nombre des gamètes se traduit souvent par l'existence de mâles volages et de femelles exigeantes. En effet, la majorité des invertébrés marins, des insectes, des reptiles et des mammifères ont un mode de reproduction polygyne. Cependant, l'investissement relatif des deux sexes dans la reproduction, la répartition des femelles et celles de la nourriture et des abris vont largement influencer le comportement sexuel des mâles.

Des mammifères polygynes et des oiseaux monogames ?

La stratégie employée par la plupart des invertébrés et de nombreux vertébrés consiste à multiplier le nombre des ovules pour obtenir quelques descendants. C'est souvent le cas des poissons et des batraciens qui produisent des milliers d'œufs. En revanche, les oiseaux protègent leurs embryons et investissent beaucoup plus dans l'élevage des jeunes, dont une forte proportion parviendra à l'âge adulte.

Ces bases physiologiques ont d'importantes conséquences sur les stratégies d'appariement. Par exemple, alors que les mammifères mettent bas des jeunes à un stade de développement avancé, les oiseaux pondent des œufs juste fécondés. L'investissement des parents dans la reproduction et l'élevage des jeunes ne peut être avantageux que s'ils peuvent s'assurer de l'apparentement des jeunes qu'ils élèvent.

Puisque les oiseaux et les mammifères ont une fécondation interne, leurs femelles sont assurées de transmettre leurs gènes à leurs jeunes. C'est, en revanche, plus incertain pour les mammifères mâles. La gestation étant longue et les possibilités de fécondation par d'autres mâles multiples, les chances de paternité d'un mammifère mâle sont beaucoup plus réduites que pour un oiseau, sauf s'il monopolise assidûment la femelle et ses relations sexuelles. C'est vraisemblablement pour cette raison que les mammifères mâles ne s'occupent que relativement peu des jeunes. À l'opposé, un oiseau mâle a beaucoup plus de possibilités de s'assurer la paternité de ses descendants. Les œufs de la femelle ne peuvent être fécondés que pendant quelques jours avant l'ovulation du premier œuf jusqu'à l'ovulation du dernier œuf. De plus, les spermatozoïdes des oiseaux sont mis en réserve dans l'oviducte de la femelle. Ainsi, si un oiseau mâle s'accouple plusieurs jours de suite avec la même femelle, il aura une forte probabilité de paternité des œufs, et donc beaucoup plus d'intérêt qu'un mammifère à prendre soin des jeunes. Les soins paternels sont surtout répandus chez les espèces d'oiseaux nidicoles, c'est-à-dire chez les espèces dont les jeunes restent dans le nid car ils sont incapables de se nourrir seuls après l'éclosion. On trouve d'ailleurs beaucoup plus d'espèces monogames chez les oiseaux nidicoles que chez les nidifuges. Chez ces derniers, un seul parent suffit pour défendre et guider les jeunes. L'utilisation d'une approche comparative des espèces au cours de l'évolution montre que le premier parent à déserter le nid est bien sûr le mâle.

Comme le prédit la théorie de la sélection sexuelle, les différences d'apparence entre le mâle et la femelle s'accroissent chez les espèces polygynes et se réduisent chez les espèces monogames.

Le renversement des rôles sexuels

Lorsque les mâles s'investissent plus que les femelles dans la reproduction, les rôles sexuels s'inversent. Les femelles entrent en compétition pour trouver un mâle qui devient alors beaucoup plus sélectif envers sa partenaire. En contrepartie, le mâle s'occupe souvent de l'incubation et de l'élevage des jeunes, et la femelle peut porter les caractères sexuels secondaires et les ornements de la séduction. Si les pontes de plusieurs femelles peuvent être gardées par un[...]

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Écrit par

  • : docteur de l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, chargé de recherche au C.N.R.S.

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Cerf et biches pendant le rut - crédits : Arterra/ Universal Images Group/ Getty Images

Cerf et biches pendant le rut

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