COMPORTEMENT ANIMAL Comportement social
Altruisme
L 'altruisme peut être défini en éthologie comme un comportement amenant un bénéfice pour le receveur et un coût sans bénéfices immédiats pour le donneur. Ce type de comportement est, à première vue, contradictoire pour la théorie de la sélection naturelle. En effet, comment peut-on par exemple expliquer que l'évolution ait pu sélectionner des gènes prédisposant à l'altruisme comme chez les abeilles qui se sacrifient (en piquant un intrus alors qu'elles ne survivent pas à la perte de leur dard) pour le bénéfice de la ruche et qui nourrissent des larves qui ne sont pas leurs descendantes ? À partir de la seconde moitié du xxe siècle, la sociobiologie (terme créé par E. O. Wilson en 1975) tente d'expliquer l'apparition, au cours de l'évolution, des comportements sociaux et en particulier de l'altruisme. Les chercheurs ont découvert depuis lors diverses raisons à l'altruisme chez les animaux.
Partage de nourriture
Le partage existe fréquemment entre les parents et leurs descendants ou entre les membres d'un couple (chez les oiseaux, le mâle nourrit souvent la femelle en période de reproduction). Cette notion peut s'expliquer par le fait que les animaux qui s'occupent de leurs petits (ou aident leur conjoint à s'en occuper) transmettront mieux leurs gènes puisqu'ils auront plus de petits qui survivront et que ces petits héritent des gènes de leurs parents (y compris les gènes favorisant les soins aux jeunes). Mais les animaux peuvent également transmettre leurs gènes de façon indirecte en aidant des individus apparentés. Il arrive donc que seul un ou quelques individus se reproduisent dans une colonie, les autres se contentant de prendre soin de leurs frères et sœurs : c'est le cas chez les insectes sociaux (abeilles, guêpes, fourmis, termites) ou chez de rares mammifères comme les rats-taupes glabres. Il peut aussi y avoir des stratégies intermédiaires chez certains oiseaux (comme les geais) ou certains mammifères (comme les suricates) : les descendants d'un couple commencent leur vie adulte en aidant à élever leurs frères et sœurs plus jeunes puis quittent leurs parents pour élever leurs propres petits quand les conditions deviennent favorables (disponibilité d'un territoire par exemple).
D'autres explications doivent être trouvées pour les espèces chez lesquelles certains individus s'occupent de jeunes qui ne leur sont pas apparentés. Dans certains cas, comme chez un oiseau appelé alcyon pie, les parents tolèrent des individus étrangers sur leur territoire si ces étrangers les aident à nourrir leurs jeunes. Chez une autre espèce d'oiseau, le cratérope écaillé, le don de nourriture semble être un moyen de montrer sa valeur. L'altruisme améliore alors le statut social et aide à trouver des partenaires sexuels. Le partage peut aussi être réciproque : les chauves-souris vampires forment des associations préférentielles au sein desquelles les chauves-souris qui n'ont pas trouvé à manger reçoivent du sang de celles qui ont eu plus de chance, les rôles s'inversant au gré des circonstances.
Chez certaines espèces parmi les plus intelligentes, notamment les grands singes, ces comportements sont plus flexibles : on observe des différences selon les individus ou selon les circonstances. Le partage a été étudié par Frans de Waal chez les chimpanzés en captivité en leur distribuant de grosses brassées de feuilles. Le possesseur du feuillage partage en moyenne avec la moitié des individus qui le lui demandent. Mais tous les individus ne se comportent pas de la même façon. Par exemple, chez les chimpanzés étudiés, une femelle appelée Gwinnie ne laissait que son petit prendre sa nourriture. Au contraire, une autre femelle, Mai, partageait facilement. Bien entendu, lorsque la situation s'inversait, Mai recevait une large part des feuilles,[...]
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Écrit par
- Dalila BOVET : éthologue, maître de conférences
Classification
Médias
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