COMPOSÉES
Particularités chimiques
L'originalité chimique des Astéracées est attestée par de nombreuses substances dont certaines leur sont propres telles que l'inuline, polysaccharide amassé dans les organes de réserve (l'inuline a une valeur médicinale pour les diabétiques qui la tolèrent car elle renferme du fructose et non du glucose), des acides gras caractéristiques accumulés dans les graines oléagineuses, des lactones sesquiterpéniques, présentes surtout dans les feuilles, des flavonoïdes méthylés dans les feuilles et les fleurs (pigments jaunes), des coumarines enfin.
Divers composés acétyléniques aux activités antimicrobiennes sont répandus dans les racines, les feuilles, les tiges. Ces polyacétylènes seraient des antifongiques efficaces. Des huiles essentielles sont présentes dans les feuilles, les fruits ou les fleurs d'un grand nombre d'espèces.
Certaines substances ne se trouvent que dans quelques tribus, sous-familles ou espèces. Le caoutchouc (polyisoprène) est localisé dans les laticifères des Cichoriacées et de quelques représentants d'autres tribus. Des alcaloïdes pyrrolizidiques et des glucosides cyanogénétiques sont présents dans les feuilles et les fruits de diverses espèces (séneçons). Plusieurs produits (chromènes, pyrèthres, amides d'acides gras chez diverses Anthémidées, et quelques autres espèces, certains chrysanthèmes) sont des insecticides puissants. Les poisons antimicrobiens, antifongiques, insecticides, présents dans les tissus des Composées, représentent un arsenal défensif (phytoalexines) qui met ces plantes à l'abri de prédateurs et de parasites, mais les rendent dangereux pour le bétail et aussi, dans une certaine mesure, pour l'homme ; plusieurs substances sont allergènes et provoquent dermatites et rhumes des foins. Certaines de ces substances, à des doses convenables, peuvent constituer des médicaments de valeur, d'où le nombre élevé d'espèces utilisées en médecine populaire. Leur emploi reste délicat sinon interdit ; par exemple, de nombreuses lactones ont une activité antitumorale, mais leur toxicité est telle qu'elle limite leur application dans le traitement des cancers humains.
Cronquist considère que cette panoplie chimique a assuré le succès évolutif des Astéracées, plus que ne l'ont fait les caractères adaptatifs morphologiques. La réussite de cette famille est liée principalement à la présence des lactones sesquiterpéniques et des polyacétylènes qui les mettent à l'abri d'ennemis potentiels. Cet auteur pense que la diversification du genre Senecio, déjà soulignée, tient au fait qu'il dispose d'un grand assortiment d'armes dissuasives. On peut rattacher à la vitalité de cette famille leur succès en tant que mauvaises herbes envahissantes.
Utilisations
Un contraste existe entre l'ampleur numérique de la famille et son importance économique relativement faible. Elle compte cependant des plantes alimentaires, des plantes médicinales, des plantes oléagineuses, tinctoriales, industrielles et surtout des plantes d'ornement, mais ces productions sont généralement mineures. Parmi les plantes alimentaires, les plus importantes commercialement doivent être citées : la laitue (Lactuca sativa) avec ses nombreux cultivars, la scarole (L. scariola), l'endive (Cichorium endivia) et la chicorée (C. intybus), le salsifis (Tragopogon porrifolium), le salsifis noir (Scorzonera hispanica), l'artichaut (Cynara scolymus), le cardon (Cynara cardunculus), le topinambour (Helianthus tuberosus). L'espèce voisine, le tournesol (H. annuus), fournit une huile recommandée car considérée comme hypocholestérolisante. Les tourteaux sont utilisés en raison de leur richesse en protéines (de 40 à 45 p. 100). Du carthame (Carthamus tinctorius) sont tirés une huile alimentaire utilisée pour prévenir l'athérosclérose[...]
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Écrit par
- Chantal BERNARD-NENAULT : docteur en biologie végétale
- Jacques MIÈGE : professeur à l'université de Genève, directeur du département de biologie végétale
Classification
Médias
Autres références
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