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COMPOSITION MUSICALE

Composition et cohérence du discours musical

Tout ce qui précède concourt à donner de la composition la définition suivante : l'art de construire un discours musical cohérent ; cette définition rejoint celle de Riemann plus que celle de Rousseau. Cette cohérence n'existe, évidemment, que pour autant qu'une unité très forte est sauvegardée en même temps qu'est assurée la variété indispensable qui sauve de la monotonie. C'est pourquoi dans les schèmes formels classiques apparaît le souci de la répétition, lié à celui de la variation, l'une et l'autre étant également nécessaires, sans être pour autant suffisantes. Ce même souci d'unité dans la variété n'est pas abandonné dans les méthodes de composition où la référence aux schèmes formels n'existe plus. Une considération attentive du phénomène musical permet de constater qu'il met en œuvre, chez l'auditeur, trois niveaux de perception distincts.

Le premier est limité au son isolé ou à une très brève combinaison de sons ; c'est à ce niveau que l'on apprécie les timbres, que l'on compare entre eux une note de trompette, un accord de piano ou d'orchestre, un grincement de porte ou un coup d'avertisseur ; il s'agit de la perception sonore primaire, dont seuls les sourds sont privés. Le deuxième est relatif à la perception des motifs musicaux ou des thèmes, c'est-à-dire à la perception musicale la plus élémentaire, celle qui, par exemple, permet à un auditeur n'ayant rien compris à la Neuvième Symphonie de Beethoven de fredonner le début de l'Hymne à la joie. Enfin, le troisième niveau fait appel à la mémoire de l'auditeur ; il lui permet de percevoir non plus seulement des assemblages de notes, mais aussi des assemblages de phrases, thèmes et motifs ; c'est le plus complexe, celui qui permet de découvrir une cohérence dans une œuvre longue. La composition musicale est, de toute évidence, rigoureusement liée à ce troisième niveau de perception. Pour l'exercer, le musicien doit donc faire appel à la fois à son talent, à sa culture et à toutes les facultés mentales qu'il est convenu de désigner comme étant les plus élevées. La composition est donc manifestement liée à la fois à un travail réfléchi, excluant l'improvisation trop rapide (sauf référence quasi automatique à un schème établi), et à la transcription écrite de ce travail sous forme de partition ; il se trouve ainsi définitivement fixé et peut être reproduit indéfiniment par les musiciens exécutants.

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

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Richard Wagner et Cosima Wagner

L. Russolo et la machine à sons - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

L. Russolo et la machine à sons

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