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CONCEPTUALISME, philosophie

Le terme « conceptualisme » s'emploie en deux sens qui ne sont pas compatibles. Dans l'acception la plus largement répandue, on entend par conceptualisme l'ensemble des systèmes philosophiques qui considèrent les Idées (ou Formes) comme immanentes aux choses sensibles, alors que le réalisme platonicien les affirme transcendantes à celles-ci. Appelons cette forme de conceptualisme « conceptualisme ontologique ». L'ontologie conceptualiste est une position intermédiaire entre le nominalisme et le réalisme platonicien : elle accorde une réalité aux Idées et refuse de les réduire aux mots (comme le font les nominalistes), mais elle ne leur accorde aucune réalité substantielle en dehors du sensible, et considère que la transcendance des Idées est une illusion qui disparaît lorsqu'on explique les hypostases auxquelles procèdent les disciples de Platon. En ce sens premier, Aristote, saint Thomas et Leibniz sont des philosophes conceptualistes.

En un second sens, le conceptualisme s'entend parfois comme la doctrine selon laquelle les Idées sont le produit de l'activité de l'esprit (Kant), ou encore de simples représentations subjectives (Locke). On appellera « conceptualisme épistémologique » cette seconde position.

Les deux « conceptualismes »

L'incompatibilité de ces deux définitions s'explique par le fait que, pour le conceptualisme ontologique, les abstractions ont une base naturelle et non mentale, qui réside dans la nature des individus auxquels la perception est confrontée. Aristote considère qu'il y a une réalité de l'espèce tout comme il y a une réalité des qualités sensibles, que les platoniciens confondent à tort avec les substances. En posant cette réalité des Idées dans les choses elles-mêmes, les conceptualistes du premier genre ne sont pas embarrassés pour expliquer l'accord de la pensée avec le monde sensible. Cet accord devient manifeste quand nous prêtons attention à la fois aux choses et aux idées : si les phrases sont les tableaux des idées qui sont elles-mêmes comme les tableaux des choses, nos théories peuvent donner une image fidèle du monde sensible. Si une telle universalité n'était pas déjà présente dans les individus que nous percevons, nous serions incapables de comprendre par quel miracle nous pouvons appréhender ce qui nous entoure.

Le conceptualisme épistémologique n'accepte pas ce qu'il considère comme une pétition de principe : si l'on postule que les Idées sont les Formes qui sont présentes dans les choses de l'expérience sensible, alors on n'explique pas l'adéquation entre la pensée et le monde, mais on la pose tout simplement ; en revanche, si être conceptualiste c'est décrire les aspects les plus généraux de notre structure conceptuelle et montrer comment celle-ci s'applique aux objets de la connaissance possible, alors cette position n'est pas compatible avec le conceptualisme ontologique d'un Aristote, puisqu'à la différence de celui-ci, l'universalité des concepts ou des catégories est fonction de leur caractère a priori dans l'entendement ou la raison, et n'est en aucun cas présupposée dans une réalité indépendante de l'esprit.

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