CONCILE
Les conciles œcuméniques
Si étonnant que cela puisse paraître, il n'existe pas de liste officielle des conciles reconnus comme œcuméniques par l'Église catholique. Cette indétermination, qui laisse une certaine latitude d'interprétation concernant l'œuvre des conciles, a d'ailleurs sans aucun doute une signification œcuménique.
Tel concile, purement oriental, comme celui de Constantinople (381), a été finalement reçu comme œcuménique. Tel autre convoqué régulièrement, comme celui d'Éphèse de 449, a été dénoncé. Le concile d'union de Florence peut être mis à part, mais on peut le compter aussi avec celui de Bâle, dont il est la continuation. Le concile de Florence s'est regardé lui-même comme huitième concile œcuménique, venant après celui de Nicée (787), sans tenir compte des conciles généraux du Moyen Âge. Le concile de Constantinople de 869, qui a beaucoup moins de titres que celui de 879 à figurer dans la liste des conciles œcuméniques, y a été inclus par les canonistes médiévaux, sans qu'aucune décision officielle ait justifié une telle adjonction.
La tradition reconnaît une primauté des premiers conciles. Sans parler du concile de Jérusalem (49), qui a une place à part, normative, on a toujours regardé le concile de Nicée comme ayant une importance unique, à cause de sa définition de la divinité du Christ. Il y a aussi une primauté des quatre premiers conciles – Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine – qui ont établi les fondements de la christologie chrétienne : cette primauté a été admise parfois par le luthéranisme et en général par l'Église anglicane. Enfin, catholicisme et orthodoxie reçoivent en commun les sept premiers conciles, jusqu'au second Concile de Nicée (787).
Avec certains historiens contemporains (Grumel, Dvornik), il convient certainement d'introduire une dualité de titres pour distinguer entre les grands conciles : il y a les conciles œcuméniques, comme les sept premiers, ou encore pour le catholicisme, Trente, Vatican I et Vatican II, et les conciles pontificaux du Moyen Âge qui étaient appelés conciles généraux plutôt qu'œcuméniques. Cette différenciation, qu'on pourrait d'ailleurs poursuivre, signale une évolution dans la signification du mot « œcuménique » au long des siècles.
Sont reçus par l'Église catholique et par les Églises orthodoxes les sept conciles « œcuméniques » de l'Antiquité :
Nicée I (325), convoqué et présidé par Constantin le Grand pour lutter contre les doctrines du prêtre Arius. Il dura du 20 mai au 25 juillet ( ?) 325. Dans le débat dogmatique, le rôle le plus important fut joué par l'évêque occidental Hosius de Cordoue. Rédaction du symbole de Nicée, définissant que le Christ est d'une même nature avec le Père (ὸμοόυσιος, en grec). Fixation de la date de Pâques au dimanche, jour distinct de la fête juive. Vingt canons.
Constantinople I (381), convoqué par l'empereur Théodose Ier contre Macedonius. Siégeant de mai à juillet 381, les Pères proclamèrent la divinité du Saint-Esprit et votèrent quatre canons.
Éphèse (431), convoqué par l'empereur Théodose II contre Nestorius. En cinq sessions, du 22 juin au 17 juillet 431, les Pères définirent la maternité divine de la Vierge Marie et votèrent six canons. L'accord sur le concile ne fut cependant réalisé dans l'Église qu'en 433.
Chalcédoine (451), convoqué par l'empereur Marcien contre Dioscore d'Alexandrie et les monophysites. Le pape était Léon Ier le Grand. En dix-sept sessions, du 8 octobre au 1er novembre 451, les Pères définirent qu'il y a deux natures dans l'unique personne du Sauveur et votèrent vingt-huit canons. En raison surtout de la situation politique, plusieurs Églises d'Orient n'ont pas reconnu ce concile (Églises copte,[...]
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Écrit par
- Bernard DUPUY
: directeur du Centre d'études Istina et de la revue
Istina
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