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CONCILE

La fonction des conciles

Une assemblée conciliaire n'est ni un parlement ni une réunion des « états généraux » de l'Église ; ce n'est pas non plus la curie romaine, élargie aux dimensions du monde. Contrairement à ces derniers organismes, qui ne sont qu'administratifs, un concile a ceci en propre de constituer l'acte privilégié par lequel s'exerce dans le temps de l'Église la fonction apostolique. Il détient dans l'Église le pouvoir suprême, qu'il partage avec le pape. Le concile est la continuation du collège des apôtres.

Pas plus que le collège des apôtres, l'Église n'a de constitution au sens strict. C'est en vivant qu'elle règle les questions concernant sa structure. Mais l'Église, depuis les apôtres, a un régime de vie, qui est la « communion » de tous ses membres et qui lui permet de résoudre ses problèmes constitutionnels. Ce fait laisse entrevoir pourquoi le concile demeure une institution variable dans sa forme et dans ses procédures, adaptable aux mondes culturels divers où l'Église vit, sans cependant être liée aux lois des civilisations particulières.

Les conciles se réunissent quand la conscience de l'Église est profondément troublée, en cas de crise (au sens grec du mot : jugement). Ce qui ne veut pas dire au moment même des bouleversements de l'histoire : ainsi, il n'y eut pas de concile aussitôt après la Révolution française, qui avait cependant modifié profondément la vie de l'Église. Bibliquement, la « crise » apparaît lorsque s'opère dans l'histoire une rencontre de la Parole de Dieu et du monde : l'annonce de la Parole de Dieu appelle à la conversion. Ce qui est en jeu dans les conciles, c'est donc moins une « crise » de la foi, provoquée chez les fidèles par croissance du monde, qu'une crise de la croissance spirituelle de l'homme – et de l'Église – provoquée par l'annonce de la Parole de Dieu.

Il y a crise en particulier chaque fois que la Parole de Dieu est annoncée pour la première fois à un peuple. Aussi voit-on de fait les conciles se réunir au moment de la formation d'Églises nouvelles. Les conciles d'Asie mineure (au iie siècle), d'Afrique (aux iiie et ive siècles), d'Espagne et d'Orient ensuite, ont présidé à l'implantation de la primitive Église dans les diverses parties du monde païen. Puis les grands conciles œcuméniques ont donné à l'Église universelle ses assises (dogmatique : définition christologique ; liturgique : fixation des rites ; canonique : diversité des disciplines dans la communion). Les conciles wisigothiques, francs, alémaniques ont marqué la formation de l'Église dans les États barbares. Plus récemment, les conciles nationaux des États-Unis (sept au xixe siècle), d'Australie, de certains États d'Amérique latine, de Chine (1924), du Japon (1926), du Vietnam (1934), d'Inde (Bangalore, 1951), sont un témoignage de la nécessité permanente et vitale des conciles lorsque se forment de jeunes Églises.

Dans une Église constituée, les conciles ont à jouer un rôle de renouvellement et de réforme. Cette tâche est propre également aux grands conciles modernes de l'Église catholique : « Le but principal de ce concile sera de promouvoir le développement de la foi catholique, le renouvellement de la vie chrétienne des fidèles, l'adaptation de la discipline ecclésiastique aux conditions de notre temps » (Jean XXIII, encyclique Ad Petri cathedram, 1960).

Le concile ayant pour but d'obtenir un consentement unanime de l'Église, il doit être un acte de tout le corps. Aussi, selon la tradition, la loi des conciles est-elle non pas formellement la majorité, mais l'unanimité : c'est à ce signe que se reconnaît la tradition ou le sens de l'Église. Cette unanimité peut d'ailleurs n'être[...]

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  • : directeur du Centre d'études Istina et de la revue Istina

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