CONCILE
Le synode épiscopal
Le fait que le IIe concile du Vatican ait remis en vigueur, dans l'Église catholique, le caractère collégial de l'épiscopat devait entraîner une réforme du mode de gouvernement du pape. Tout d'abord, celui-ci était présenté à nouveau avec son titre essentiel d'évêque de Rome, ce qui appelait une reviviscence de ses fonctions locales. En deuxième lieu, sa position de chef de l'épiscopat de rite latin devait permettre de comprendre que certaines dispositions canoniques considérées souvent comme universelles (telles l'obligation du célibat des prêtres ou les formes de vie des religieux) étaient propres à la tradition de l'Église latine et que, par conséquent, elles ne sont pas du ressort du pape en tant que tel, ne peuvent être imposées aux Orientaux et sont susceptibles d'être modifiées ou réexaminées par une discussion de caractère collégial entre Latins. Enfin et surtout, la collégialité épiscopale a été appelée à s'exercer en liaison constante avec le gouvernement pontifical lui-même. C'est ainsi que le pape Paul VI a créé, le 15 septembre 1965, le synode épiscopal, dont le règlement a été promulgué le 8 décembre 1966 et complété le 14 juin 1969 (cf. Documentation catholique, no 1547, 21 sept. 1969, pp. 815-820).
Convoqué à intervalles réguliers, le synode est une structure permanente et représentative. Il doit informer et conseiller le pape et peut prendre des décisions votées à la majorité des deux tiers. Il n'est cependant pas une institution conciliaire au sens strict et ne saurait être considéré comme pouvant dispenser l'Église de tenir ultérieurement des conciles. L'expérience des premiers synodes (le premier s'est tenu à Rome en octobre 1967) a d'ailleurs montré que leur mise en place était lente et finalement plus délicate que celle d'un concile, les évêques se révélant, en l'occurrence, moins assurés des pouvoirs qui sont alors les leurs, puisque ceux-ci sont limités et définis par le pape, à la différence de ce qui se passe au concile.
La structure synodale au niveau romain apparaît aussi comme la contrepartie nécessaire des conférences épiscopales, lesquelles fonctionnent au niveau local, national ou régional. Elle offre, d'autre part, l'avantage d'établir un point de comparaison et de rapprochement, jusque-là à peu près inexistant, avec ce que représentent la conciliarité pour les Églises orthodoxes et le principe synodal pour les Églises issues de la Réforme protestante. Les premières possèdent depuis les origines à Constantinople un synodos endymousa (synode permanent) qui assiste le patriarche œcuménique. Quant aux Églises de la Réforme, en dehors de leurs synodes régionaux, elles ont maintenant des alliances confessionnelles (Communion anglicane, Fédération luthérienne mondiale, Alliance réformée mondiale) qui ont à connaître des questions dépassant la compétence des synodalités locales. Il reste que les Églises non catholiques voudraient que le pape, au sein du synode qui désormais l'assiste, se limite à un rôle d'arbitrage en cas de conflit ou à un rôle d'animation en vue de l'unité, tandis que la tradition catholique lui reconnaît un pouvoir d'intervention direct et habituel au niveau local. Cependant, la manière dont s'exerce le gouvernement de l'Église depuis le IIe concile du Vatican apparaît d'ores et déjà comme profondément modifiée par l'institution du synode épiscopal. La différence des points de vue entre les Églises chrétiennes s'en trouve, de ce fait, considérablement diminuée.
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Écrit par
- Bernard DUPUY
: directeur du Centre d'études Istina et de la revue
Istina
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Médias
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