CONCOURS INTERNATIONAUX D'INTERPRÉTATION MUSICALE
Les concours internationaux d'interprétation musicale présentent les ombres et les lumières de tous les systèmes qui prétendent classer l'inclassable. Ils sont d'origine très récente. Rares sont ceux qui ont vu le jour avant la Seconde Guerre mondiale. Subsistent encore, parmi les plus anciens, le concours Frédéric Chopin créé en 1927, le concours Henryk Wieniawski qui débute en 1935, le concours Eugène Ysaÿe – rebaptisé Reine Élisabeth en 1951 – dont la première épreuve fut disputée en 1937, ou encore le concours de Genève, dont l'édition initiale date de 1939. C'est au début des années 1950 que leur nombre augmente considérablement.
Une nécessité de notre temps
Les grands interprètes de l'entre-deux-guerres appartiennent, pour la plupart, à un monde sans concours. La célébrité de Rudolf Serkin, Arthur Schnabel, Yves Nat, Walter Gieseking, Vladimir Horowitz ou Alfred Cortot s'est étendue sans leur aide. Leurs débuts sont souvent difficiles. Les violonistes et les violoncellistes évitent rarement un passage par les formations symphoniques, quand ce n'est pas dans des orchestres dits « de salon » qui fleurissent dans les restaurants et demeures bourgeoises où se pratique plus volontiers la romance à la mode que la musique savante. Le disque n'est pas encore cette carte de visite que l'on acquiert au début de sa vie professionnelle. Le plus souvent, les carrières ne sont que le complément d'une activité professorale principale. Les réputations internationales se construisent donc avec une sage lenteur. Ni les musiciens, ni leurs auditeurs ne ressentent le besoin d'instaurer ces batailles où la gloire d'un jour est réservée à un vainqueur unique.
Cet équilibre délicat va se rompre dès la fin du second conflit mondial. À l'heure où les professionnels sortent en rangs serrés des conservatoires, tous les moyens modernes de communication font irruption. La radio, le disque et bientôt la télévision apportent la musique à domicile. Les auditeurs qu'elle trouve au foyer familial sont souvent novices. Devant le développement de la production de disques, il leur faut un système de « signalisation » qui supprime l'effort de la formation et le stress du choix. Le concours naît naturellement de la rencontre d'un trop-plein d'interprètes et de l'inexpérience d'un public nouveau. Il est encouragé par les médias en quête d'actualités, par les maisons d'édition affamées de chiffre d'affaires, par les municipalités qui l'accueillent en rêvant de retombées économiques et de renommée mondiale. Il est même devenu indispensable aux musiciens qui savent bien pourtant que leur art répugne fondamentalement au classement. Mais, sans lui, comment faire pour émerger d'une communauté toujours plus nombreuse et éviter de s'enliser dans un anonymat persistant ?
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Médias
Autres références
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CLIBURN VAN (1934-2013)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Karen SPARKS
- 619 mots
Le pianiste américain Van Cliburn devint célèbre dans le monde entier après avoir remporté le premier prix du concours international Tchaïkovski à Moscou lors de sa première édition, en 1958.
Harvey Lavan Cliburn Junior naît le 12 juillet 1934 à Shreveport (Louisiane). Il prend ses premières...
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ORCHESTRE DIRECTION D'
- Écrit par Alain PÂRIS
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- 9 médias
L'heure est donc venue d'entrer dans la vie professionnelle et, après les diplômes nationaux, les concours internationaux ouvrent un certain nombre de portes. Le premier d'entre eux – le Concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon – a vu le jour en 1951, à l'initiative d'Émile Vuillermoz....