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CONDITIONNEMENT

Le conditionnement « opérant »

La relation réponse → renforcement

Le terme « opérant », proposé par Skinner, désigne une forme de conditionnement qui, sur le plan des procédures expérimentales en tout cas, doit être distinguée du conditionnement pavlovien. Dans la situation type de la cage de Skinner, munie d'un petit levier et d'un distributeur de nourriture, un rat, appuyant par hasard au cours de son exploration sur le levier – acte moteur définissant la réponse – est immédiatement récompensé par une ration de nourriture – le renforcement. On constate que la réponse renforcée tend à se reproduire. Tout se passe comme si l'animal agissait pour obtenir de la nourriture. Ce schéma expérimental remonte aux travaux de Thorndike (1911) sur l'apprentissage par essais et erreurs, et à sa formulation de la loi de l'effet ; mais il revient à Skinner (1938) de l'avoir épuré et d'en avoir fait un outil de recherche d'une souplesse et d'une richesse d'application inégalées dans la méthodologie expérimentale de la psychologie de l’époque.

Dans le conditionnement opérant, à la différence du conditionnement pavlovien, ou respondent(selon la terminologie de Skinner), il n'y a pas de liaison préétablie entre la réponse étudiée et le renforcement (ou stimulus inconditionnel de la situation pavlovienne). La relation est arbitraire, n'importe quelle action définie pouvant être liée à n'importe quel renforcement. De plus, la réponse est ici la condition du renforcement et, dans ce sens, le sujet agit sur son milieu, alors que, dans la procédure pavlovienne, il se borne à le subir en s'y adaptant, sans le modifier d'aucune sorte. Le schéma opérant rend certainement compte de la grande majorité des conduites acquises au contact de l'environnement dans l'ensemble du règne animal.

La réponse peut entraîner l'apparition d'une stimulation recherchée par le sujet, ou renforcement positif (nourriture, boisson, accès au partenaire sexuel, modification dans les stimulations extéroceptives chez un sujet maintenu dans un état de privation sensorielle, stimulation électrique dans certains centres cérébraux, etc.). Elle peut avoir pour conséquence de soustraire le sujet à une stimulation provoquant naturellement une réaction de défense : on parlera alors de « contrôle aversif », dont les cas les plus classiques sont les conditionnements d’échappement et d'évitement. Dans le premier cas, le sujet se soustrait au stimulus douloureux présent, dans le second il s’y soustrait anticipativement.

En compliquant les relations entre réponses et renforcements, avec la précision qu'autorise l'automatisation complète de ce genre d'expériences, les chercheurs ont pu dégager des lois fondamentales, dont certaines présentent une analogie évidente avec celles du conditionnement pavlovien (généralisation, discrimination, restauration spontanée, extinction, etc.).

Il n'est nullement nécessaire, pour maintenir un comportement en vigueur, de le renforcer chaque fois qu'il se présente. Le contrôle exercé par le renforcement paraît au contraire infiniment plus efficace s'il est intermittent. Ainsi, il est possible d'exiger d'un animal plusieurs centaines de réponses pour obtenir un renforcement, de soumettre ses réponses à des contraintes temporelles (réponses très rapprochées ou au contraire très espacées), pourvu que ces exigences soient imposées progressivement à partir de la liaison initiale : 1 réponse → 1 renforcement. Les diverses modalités de relation entre réponse et renforcement sont définies par les programmes de renforcement, atteignant parfois une complexité extraordinaire. Chacun d'entre eux engendre un type caractéristique de comportement – envisagé sous l'angle de la répartition des réponses dans le temps – très souvent identique chez les espèces les plus[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université de Liège, membre de l'Académie royale de Belgique

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