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CONDITIONNEMENT

Questions ouvertes

Théories du conditionnement

Les recherches raffinées au niveau expérimental continuent d’alimenter la réflexion théorique, sur les rapports entre les deux types de conditionnement et sur la nécessité de les distinguer ; sur l’éclairage que peut apporter l’application de modèles mathématiques, tels les modèles d’optimisation, pour l’analyse des données et leur interprétation ; sur les corrélats cérébraux des activités conditionnées, dans le cadre des neurosciences et à l’aide des techniques qu’offrent ces dernières, notamment d’imagerie cérébrale par IRMf (résonance magnétique fonctionnelle). Ces développements s’inscrivent dans les travaux hyperspécialisés propres au domaine, ou dans des perspectives pluridisciplinaires contemporaines.

Conditionnements et apprentissage

Un problème depuis longtemps controversé est celui de savoir si le schéma du conditionnement s'applique à l'ensemble des comportements acquis. Les apprentissages dits latents – c'est-à-dire réalisés en l'absence de tout renforcement – et les préconditionnements sensoriels soulevaient déjà la question d'un mécanisme d'ordre plus cognitif. Beaucoup de psychologues contemporains l'invoquent pour expliquer nombre d'acquisitions chez l'animal ; à plus forte raison, au niveau humain, est-on tenté de voir à l'œuvre les stratégies d'apprentissage, impliquant fréquemment les représentations et les activités mentales, et dépassant le niveau des liaisons associatives caractéristiques des conditionnements. C'est ainsi que les psycholinguistes ont sévèrement critiqué les tentatives d'expliquer l'apprentissage du langage chez l'enfant par des processus de conditionnement. La complexité des apprentissages réalisés suggère, dans ce cas, l'intervention de structures organisatrices que certains assignent à l'équipement inné, alors que d'autres préfèrent les attribuer à l'activité constructrice du sujet. La question reste ouverte, cependant, malgré le succès actuel des thèses cognitivistes, de savoir si les multiples formes et niveaux d'acquisition exigent que l'on invoque à chaque fois des mécanismes d'apprentissage originaux ou si un ou deux mécanismes fondamentaux suffisent à en rendre compte.

Contraintes spécifiques – conditionnement et éthologie

Dans l'étude du comportement animal, les éthologistes ont depuis longtemps reproché aux spécialistes du comportement en laboratoire de ne pas prendre en compte les structures de comportement propres à l'espèce pour exalter un mécanisme général d'acquisition. Ce reproche s'adressait particulièrement aux spécialistes du conditionnement opérant, dans la mesure où ceux-ci insistaient sur le caractère arbitraire de la liaison réponse-renforcement et sur la similarité, d'une espèce à l'autre, des comportements engendrés par les programmes de renforcement. Depuis 1970, on assiste à une intégration des approches issues de l'éthologie et des approches caractéristiques des théories du conditionnement. Pour les tenants de ces dernières, cette évolution est due non seulement aux objections des éthologistes, mais aux données expérimentales de plus en plus nombreuses qu'ils rencontrent sur leur propre terrain. D'une part, la diversification des espèces étudiées, bien que fort limitée encore, suffit à faire apparaître des différences interspécifiques qui déjouent la généralité des lois jadis tenues pour universelles. D'autre part, les comparaisons, au sein d'une même espèce, de systèmes de réponses et de stimulus font apparaître des contraintes spécifiques qui modulent le jeu des mécanismes de conditionnement. Ainsi, chez le rat, le conditionnement peut s'établir entre un stimulus olfactif ou gustatif et un état de malaise interne survenant plusieurs heures après par l'effet[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université de Liège, membre de l'Académie royale de Belgique

Classification

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