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BRAZZAVILLE CONFÉRENCE DE (1944)

Ouverte par un discours du général de Gaulle et placée sous la présidence de René Pleven, la Conférence de Brazzaville, à caractère uniquement administratif, rassemble, du 30 janvier au 8 février 1944 (quelques mois avant le débarquement allié en Normandie), les gouverneurs généraux et gouverneurs des colonies françaises d'Afrique noire et de Madagascar, dont Félix Éboué qui y joue un rôle essentiel. Son programme est de proposer au pouvoir politique des mesures destinées à établir, sur des bases nouvelles, la mise en valeur des territoires africains, le progrès social de leurs habitants et l'exercice de la souveraineté de la métropole dans le cadre d'une communauté qui préfigure l'Union française. À l'origine de la Conférence : la prise de conscience que la Seconde Guerre mondiale rend inévitable une transformation profonde des structures coloniales, la volonté politique d'affirmer, principalement à l'égard des États-Unis, que seule la France a compétence pour faire évoluer ses colonies, la gratitude devant l'effort de guerre de l'empire et la nécessité d'encourager la poursuite de cet effort.

Les travaux de la Conférence aboutissent à la rédaction de Recommandations qui, en préambule, excluent toute possibilité d'autonomie ou de self government ainsi que toute évolution politique en dehors de la France. En revanche, ces Recommandations estiment nécessaire une large décentralisation administrative et la participation des indigènes à la gestion de leurs propres affaires. Elles préconisent la création d'une Assemblée fédérale du bloc France-empire et l'élection de représentants des populations locales à la future Assemblée constituante. Sur le plan économique et social, elles conseillent la suppression progressive du système de l'indigénat après la fin des hostilités et propose diverses mesures pour relancer l'économie. Outre son influence sur la constitution de l'Union française en 1946, la principale originalité de la Conférence de Brazzaville a été de contribuer, par la présence d'élus africains dans les assemblées parlementaires de la métropole, à l'éclosion d'une élite politique apte à diriger les futurs États indépendants de l'Afrique française, tels Amadou Lamine-Gueye et Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Félix Houphouët-Boigny (Côte-d'Ivoire) ou Sourou Migan Apithy (Dahomey).

— Jean-Marcel CHAMPION

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