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NAGOYA CONFÉRENCE DE (2010)

La dixième conférence des parties (dite COP 10 – conference of the parties – dans le langage des spécialistes) des 193 États signataires de la Convention pour la diversité biologique (C.D.B.) s'est tenue à Nagoya (Japon), du 18 au 29 octobre 2010. Trois thèmes principaux étaient à l'ordre du jour : l'adoption du protocole A.P.A. (Accès et partage des avantages), le plan d'action fixant les objectifs de protection après 2010 et, enfin, la notification par la C.D.B. de la création de l'I.P.B.E.S. (Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services).

Concernant le protocole A.P.A., les participants se sont enfin accordés sur le partage des bénéfices tirées par les industries pharmaceutiques et cosmétiques des pays du Nord à partir des ressources génétiques situées dans l'hémisphère Sud. Sont concernées les populations de micro-organismes, de plantes et d'animaux dans leur ensemble. Ce point était crucial pour les pays en développement qui en avaient fait dépendre leur engagement en faveur des autres décisions. Les débats sur ce thème ont bien failli faire échouer cette conférence. Avec cet accord, réclamé depuis plusieurs années par de nombreux pays en développement, la création de l'I.P.B.E.S, plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les systèmes éco-systémiques, l'équivalent du G.I.E.C. (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) pour la biodiversité, semble sur la bonne voie. D'ailleurs, la soixante-cinquième session de l'assemblée générale des Nations unies a donné, le lundi 20 décembre 2010, son feu vert à la création de ce groupe international d'experts, dont la mission sera d'évaluer l'érosion des espèces et de proposer des solutions pour enrayer ce phénomène. La mise en place de l'I.P.B.E.S. est confiée au Programme des Nations unies pour l'environnement (P.N.U.E.) – comme pour la création du G.I.E.C. en 1988.

Concernant l'accord sur la protection de la biodiversité, les représentants de 190 pays, à l'exception remarquée des États-Unis qui n'ont jamais ratifié la C.D.B. lancée en 1992 lors du sommet de Rio de Janeiro, ont adopté « un plan stratégique » décliné en vingt objectifs pour 2020. Il s'agit de ralentir le rythme alarmant de l'effondrement de la biodiversité qui, pour la première fois dans l'histoire de la planète Terre, est d'origine anthropique. Ce plan traduit un engagement fort et constitue à ce jour le meilleur outil à notre disposition pour protéger la biodiversité, bien qu'il soit dépourvu de tout caractère contraignant. Le succès majeur de cette conférence est l'accord obtenu sur l'augmentation sensible des aires protégées de la planète d'ici à 2020. Avant Nagoya, elles couvraient 10 p. 100 de la surface totale des terres et un peu moins de 1 p. 100 de celle de l'océan mondial. Le compromis obtenu ici porte à 17 p. 100 et, surtout, à 10 p. 100 les parts respectives des aires protégées terrestres et océaniques. Ce dernier objectif reste en deçà de la promesse de 20 p. 100 d'aires marines protégées qui avait été prise à Johannesburg en 2002. Les pays se sont également engagés à restaurer 15 p. 100 des écosystèmes dégradés.

En dépit de ces succès, la plupart de ces engagements connaîtront des interprétations controversées en fonction de la diversité des intérêts nationaux et économiques en jeu. Comment, par exemple, seront-ils mis en œuvre en Europe pour la protection des ressources halieutiques ou agricoles, dans un contexte où persistent de multiples formes de subventions à la pêche industrielle et à l'agriculture intensive, et cela en dépit d'une connaissance scientifiquement bien documentée des effets délétères de ces activités ? Cet[...]

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Écrit par

  • : historien des sciences, professeur émérite de l'université d'Orléans

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  • NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES SUR L'ENVIRONNEMENT - (repères chronologiques)

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    • 2 610 mots

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