CONFÉRENCES D'INTRODUCTION A LA PSYCHANALYSE (S. Freud)
Névrose et transfert
La première conférence, intitulée « Introduction », donne cette définition de la psychanalyse en tant que théorie des processus psychiques et en tant que psychothérapie. « Dans le traitement analytique, il ne se passe rien d'autre qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin [...] qui ne tolère pas d'auditeur. » Mais alors, comment « apprendre » la psychanalyse ? Les voies de la philosophie, de la psychologie ou de la psychiatrie ne suffisent pas, et l'apprenti psychanalyste doit surmonter les résistances que suscite inévitablement la discipline freudienne lorsqu'elle affirme que « des motions pulsionnelles qu'on ne peut que qualifier de sexuelles » jouent un rôle primordial dans « la causation des maladies nerveuses et mentales » et dans « les plus hautes créations culturelles, artistiques et sociales de l'esprit humain ».
Dans la troisième partie, « Doctrine générale des névroses », Freud passe de l'analyse de l'individu « normal » à celle des troubles du comportement qui causent parfois de grandes souffrances psychiques et physiques. Elles apparaissent lorsque le travail de l'inconscient, dont la logique a été définie dans les deux premières parties, provoque une « exagération du normal » (Michel Haar) qui finit par rendre la vie insupportable au névrosé et à son entourage. La méthode psychanalytique permet de donner aux symptômes le sens que le névrosé ne peut ni ne veut connaître et qu'au contraire il se cache à lui-même. Il s'agit ensuite d'obtenir du patient, non seulement qu'il reconnaisse intellectuellement, mais aussi qu'il adhère affectivement à cette donation de sens, seul moyen de retrouver une conduite de vie soutenable.
Dans sa conférence d'introduction, Freud explique sur le ton de la provocation tranquille que l'art de la psychanalyse ne s'enseigne pas. Il suggère ainsi que seule une certaine dose de génie permet de lancer l'opération quelque peu mystérieuse qu'il appelle transfert. Dans la vingt-septième et avant-dernière conférence, son sens de la pédagogie didactique lui inspire une métaphore splendide, mais qui ne fait qu'ajouter du mystère aux secrets de la cure : « Une fois que la cure s'est emparée du patient, il advient que tout ce que la maladie produit de nouveau se concentre sur un seul point, à savoir le rapport au médecin. Le transfert devient alors comparable à la couche de cambium qui se trouve entre le bois et l'écorce d'un arbre et dont procède le renouvellement tissulaire et l'accroissement en épaisseur du tronc. »
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Écrit par
- Jacques LE RIDER : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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