ÉPISCOPALES CONFÉRENCES
L'un des buts du concile de Vatican II a été de compléter l'ecclésiologie du concile qui l'avait précédé, le premier concile du Vatican — caractérisée par la défense et l'illustration de la papauté —, voire de corriger la centralisation et l'uniformité excessives qui en résultèrent. Pour cela, ce concile a poursuivi la remise en valeur non seulement théologique (par la redécouverte de la collégialité), mais aussi canonique de l'épiscopat, renouveau dont le principal instrument fut le développement des conférences épiscopales. En dotant de pouvoirs juridiques ces assemblées jusqu'alors purement consultatives et en les étendant à toutes les nations, le concile obtenait une décentralisation de l'autorité dans l'Église catholique et assurait en même temps aux Églises particulières la possibilité d'avoir une pastorale qui tienne mieux compte des conditions locales.
Les conférences épiscopales nationales ont désormais une large compétence en ce qui concerne les questions pastorales (activités apostoliques, liturgie, catéchèse, formation des futurs prêtres, œcuménisme), même si leur pouvoir législatif s'exerce selon des conditions assez strictes. Il leur appartient aussi d'élire des délégués aux synodes épiscopaux réunis autour du pape, de proposer au Saint-Siège des listes de prêtres estimés aptes à l'épiscopat.
Les conférences n'ont pas de statuts uniformes : la loi-cadre qui les régit prévoit néanmoins que devraient prendre part à leurs activités tous les ordinaires de lieux (à l'exception des vicaires généraux), les coadjuteurs, les auxiliaires et les autres évêques qui exercent une fonction nationale (par exemple, le vicaire aux armées) ; le nonce apostolique n'en est pas membre de droit. Cependant, seuls les ordinaires de lieux et les coadjuteurs ont toujours voix délibérative : il appartient aux statuts de chaque conférence d'accorder voix délibérative ou consultative aux autres membres. Certaines conférences débordent le cadre national, ainsi la Conférence d'Afrique du Nord réunit-elle les évêques du Maroc, d'Algérie, de Tunisie et de Libye. Enfin, des contacts entre les différentes conférences nationales sont souhaités et ont effectivement lieu.
Le trait le plus neuf des conférences épiscopales est de permettre à l'épiscopat d'une nation de se rassembler librement, alors que les préventions conjuguées des autorités civiles et de la papauté y firent longtemps obstacle. Ainsi, la première réunion (qui ne fut pas convoquée par les pouvoirs publics) de l'épiscopat français date de 1906, c'est-à-dire de la séparation des Églises et de l'État. Dès 1908, Pie X refusa qu'une telle réunion se renouvelât. Lorsqu'en 1919 l'Assemblée des cardinaux et archevêques vit le jour, à cause de l'impossibilité pour chaque évêque isolé de faire face à l'ensemble des problèmes, non seulement elle fut privée de toute autorité juridique, mais encore son article 14 déclarait : « En dehors de l'ordre du jour arrêté d'avance et approuvé par le Saint-Siège, aucune question nouvelle ne peut être, sans l'autorisation du Saint-Siège, proposée à l'examen de l'Assemblée et faire l'objet de ses délibérations. » L'article 15 stipulait : « Les procès-verbaux de l'assemblée sont communiqués au Saint-Siège afin que, si besoin est, le Saint-Siège puisse intervenir avec son autorité. » Tel fut le droit pour la France jusqu'en 1966. En Italie, la première réunion nationale de l'épiscopat eut seulement lieu en 1962.
Les actuelles conférences épiscopales représentent donc une réelle nouveauté institutionnelle. D'ores et déjà, elles permettent la renaissance, à l'intérieur de l'Église catholique, d'une vie synodale qui peut[...]
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Écrit par
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
Classification
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