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BARMEN CONFESSION DE FOI DE (1934)

Martin Niemoller - crédits :  Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Martin Niemoller

Déclaration de l'Église confessante d'Allemagne contre le nazisme et contre l'emprise qu'il voulait exercer sur le protestantisme allemand. L'arrivée au pouvoir de Hitler, en janvier 1933, déchira ce dernier. Le 25 avril 1933, une « Église évangélique de la nation allemande » est créée qui entend regrouper les « chrétiens allemands » partisans du national-socialisme et réaliser dans l'Église protestante la maxime hitlérienne : « Un seul peuple, un seul Reich, un seul Führer ». Le succès de ce regroupement est foudroyant ; aux élections ecclésiastiques de juillet 1933, ses listes obtiennent plus de 75 p. 100 des suffrages. L'opposition chrétienne à ce néo-paganisme se rassemble autour de Niemöller, de Vogel, de Niesel, ainsi que de Karl Barth et de sa revue Theologische Existenz heute, qui devient ainsi l'organe de l'« Église confessante », nom que prend l'opposition ecclésiale aux prétentions des « chrétiens allemands ». Dans des synodes et des assemblées pastorales, l'Église confessante dénonce ceux-ci comme hérétiques et définit la foi en l'opposant au racisme et à l'impérialisme de l'idéologie officielle.

Le 31 mai 1934, le synode clandestin de l'Église confessante se réunit à Barmen (Wuppertal). Il discute et publie le texte qui sera appelé Confession de foi de Barmen. Cette déclaration se réfère constamment à l'Écriture sainte, en tire comme conséquence la nécessité de la résistance spirituelle au nazisme et invite les croyants à se joindre à l'Église confessante. Elle comporte six points : le rejet de toute manifestation providentielle (qui s'incarnerait dans le Führer) à côté de Jésus-Christ, l'unique Parole de Dieu adressée aux hommes ; le rejet de la distinction entre sacré et profane, toute la vie des hommes appartenant à Dieu seul ; l'affirmation de la liberté de l'Église à l'égard des pouvoirs et idéologies, celle-ci devant obéissance à son seul Seigneur exclusivement ; le rejet du Führerprinzip (autorité conçue d'une façon charismatique et conférée dictatorialement), en vertu de la prêtrise universelle de tous les membres de l'Église ; le rejet, en vertu de l'absolue liberté de la parole de Dieu, de l'absolutisme de l'État imposant ses idées à l'Église ; le rejet d'une Église aux ordres de l'État, l'Église étant responsable de la Parole qui lui a été confiée et qu'elle doit proclamer.

Le texte, très vite connu et commenté, entraîne des persécutions contre l'Église confessante. Barth est expulsé et Niemöller interné dans un camp de concentration. La Confession de Barmen figure aujourd'hui parmi les textes symboliques des Églises réformées, c'est-à-dire parmi les textes ayant valeur normative pour la théologie.

— Jean-Louis KLEIN

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Martin Niemoller - crédits :  Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

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