CONFESSIONS, Augustin Fiche de lecture
Les Confessions, ouvrage de saint Augustin (354-430) le plus célèbre avec La Cité de Dieu, furent rédigées de 397 à 401. L'auteur s'adresse directement, dans un dialogue intime, à ce Dieu qu'il avait tant cherché « en labeur et fièvre » ailleurs que là où le Dieu d'amour l'attendait, comme il le lui déclare : « Mais toi, tu étais/ Plus intérieur que l'intime de moi-même/ Et plus haut que le plus haut de moi-même » (III, vi, 11). L'influence de ce chef-d'œuvre de la littérature universelle s'est exercée, au cours des siècles, sur les plus grands mystiques, du dominicain Maître Eckhart (1260-1328) à Jean de la Croix ou Pascal, de même que sur les esprits les plus divers, de l'érudit latin Cassiodore (490-580) aux écrivains du xxe siècle Péguy ou Camus.
Un ouvrage apologétique
Les Confessions sont composées de treize livres. Dans les livres I à IX, Augustin raconte les principaux événements de son existence, depuis sa naissance à Thagaste, le 13 novembre 354, jusqu'à la fameuse « extase d'Ostie », à l'automne 387, suivie peu après de la mort de sa mère, Monique. La scène capitale de la conversion, qui eut lieu au mois d'août 386, dans un jardin à Milan, est évoquée au livre VIII (xii, 29) : à l'incitation des paroles d'une chanson d'enfant, prises pour une injonction divine, Augustin lit au hasard un passage de l'Épître aux Romains de saint Paul : « ... ce fut comme une lumière de sécurité infuse en mon cœur, dissipant toutes les ténèbres du doute. » Peu après, à la Pâque de l'an 387, Augustin recevait le baptême administré par saint Ambroise.
Le livre X marque une pause. Il contient une méditation sur le récit qui vient d'être fait. Le triple sens du titre (Confessiones) est alors expliqué. Il s'agit tout d'abord d'une confession faite directement à Dieu, qui connaît déjà tout : « Tu m'as percé à jour, Seigneur, quel que je sois ;/ Le fruit de ma confession ? Je te l'ai dit,/ Nullement par les mots, par les cris de la chair,/ Mais par les mots de l'âme, clameur de la pensée » (X, iii, 3). C'est ensuite aux hommes que s'adresse cet aveu des fautes passées, afin qu'eux aussi entendent la parole qui a décidé de la conversion du pécheur : « D'en lire ou d'en entendre les confessions éveille le cœur, l'empêchant de s'endormir dans la désespérance en criant à l'impossible, le tenant éveillé dans l'amour de ta miséricorde et dans la douceur de ta grâce [...] Et, pour les justes, c'est une joie d'entendre le récit des fautes passées de ceux qui en sont désormais délivrés ; et ils trouvent de la joie, non parce que ce furent des fautes, mais parce qu'elles ont existé et qu'elles ne sont plus » (X, iii, 4). Enfin, le troisième sens du titre est qu'il s'agit de confesser la grandeur de Dieu.
La louange de Dieu, doublée d'un chant d'action de grâces, tel est l'objet majeur de ce livre. Dans une perspective néo-platonicienne, il est remarquable que pour Augustin ce soit la mémoire qui s'avère le lieu et la formule de cette rencontre avec le Seigneur : « ... je ne t'ai pas trouvé en dehors d'elle. Je n'ai rien trouvé de toi qui ne fût dans mon souvenir, du jour où je te connus [...] Là où j'ai trouvé la vérité, là j'ai trouvé mon Dieu qui est la vérité, que je n'ai plus oubliée, du jour où je la connus » (X, xxiv, 35).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
Classification
Autres références
-
AUTOBIOGRAPHIE, notion d'
- Écrit par Alain BRUNN
- 1 440 mots
Auto-bio-graphie : écriture de sa propre vie, écriture par soi de sa vie. Le terme est double : au sens large, est autobiographique toute écriture intime ; au sens étroit, l'autobiographie, distincte des Mémoires, du journal intime ou de l'autoportrait, est un genre parmi d'autres de...
-
TEMPS / MÉMOIRE (notions de base)
- Écrit par Philippe GRANAROLO
- 2 724 mots
Confessions, livre XI, xiv). La conscience immédiate du temps perçoit intuitivement qu’il est composé de trois dimensions : passé, présent, avenir. Mais l’étrangeté du temps tient à ce que ces trois dimensions sont aussi irréelles les unes que les autres. Le passé n’est plus, le futur n’est pas encore,...