CONFRÉRIES DE MÉTIER
Groupements constitués à la fin du Moyen Âge (xive et xve siècle en général) dans le cadre des diverses manifestations de la solidarité entre égaux qui tendait à remplacer les liens de protection caractéristiques de l'époque féodale. Les confréries organisaient la vie religieuse des membres d'un métier (corporation, guilde, métier juré, mais aussi métier libre) et assuraient en particulier aux défunts la prière communautaire. Elles assumaient aussi la responsabilité collective d'assistance envers les membres pauvres ou malades, les vieillards, les veuves et les orphelins. Complétant le métier et renforçant sa cohésion, les confréries mettaient parfois à sa disposition leurs ressources matérielles, notamment leurs lieux de réunion. Il serait, cependant, erroné de croire que les confréries étaient simplement calquées sur le système corporatif. Bien que les hommes et les chefs fussent souvent les mêmes, la correspondance était très inégale : il y eut parfois deux ou trois confréries pour un métier, et d'autres furent communes à plusieurs métiers. Surtout, les structures sociales différaient notablement : tenus à l'écart de la plupart des confréries, les compagnons tendirent à former des confréries distinctes de celles des maîtres.
Ces organismes ont, à bien des reprises, paru suspects à l'Église et au pouvoir laïque, tant par leur situation marginale dans la vie liturgique, normalement animée par les clercs, que par leur capacité à assembler les gens de métier et à couvrir d'un prétexte religieux d'authentiques manifestations sociales. Les confréries furent parfois dissoutes, en particulier au cours du xvie siècle.
Jouant, dans les grandes villes marchandes ou industrielles, un rôle considérable pour l'animation de la vie intellectuelle et artistique, les confréries ont été l'un des agents du mécénat bourgeois, faisant décorer leurs chapelles, offrant aux églises des œuvres d'art (retables, tableaux, vitraux, statues, orfèvrerie), organisant des fêtes. Certaines (confréries de la Passion, à Paris, à partir du xve siècle) se spécialisèrent, hors de toute appartenance professionnelle, dans l'organisation du théâtre.
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Écrit par
- Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
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