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CONFUSION MENTALE

Mécanismes pathogéniques

Pour expliquer pourquoi certaines agressions exogènes s'accompagnent électivement de réactions confusionnelles, on invoque des mécanismes extrêmement complexes et rarement univoques, même pour une cause donnée. Outre l'action toxique directe sur le système nerveux, on fait intervenir des réactions allergiques, par exemple dans les intolérances médicamenteuses, des perturbations neurovégétatives centrales (syndrome d'irritation de Reilly dans la fièvre typhoïde), des désordres hydro-électrolytiques, des interférences métaboliques, etc. On conçoit l'importance que prennent dans le traitement des états confusionnels sévères, à côté des médications spécifiques à visée étiologique comme une chimiothérapie anti-infectieuse ou la correction d'une avitaminose, toutes les thérapeutiques agissant sur le désordre neurovégétatif central et sur ses conséquences (hyperthermie, déshydratation, fuite protidique). Parmi les drogues psychotropes, les neuroleptiques et certains tranquillisants se sont montrés de beaucoup les plus efficaces. Leur utilisation jointe à la rééquilibration hydro-électrolytique a permis d'abaisser la mortalité du delirium tremens de 70 p. 100 à moins de 15 p. 100 des cas.

Dans la pathogénie de la confusion mentale, psychose exogène par excellence, on ne saurait pour autant négliger l'importance du terrain individuel. Certains sujets présentent, au cours de leur existence, plusieurs bouffées confusionnelles et ce, parfois, à l'occasion de stress réels mais bien peu spécifiques tels qu'une fracture, une émotion violente, une pneumonie. Dans l'exceptionnel syndrome confusionnel malin (délire aigu azotémique de Marchand), le rôle du terrain apparaît de première importance puisqu'il existe une disproportion manifeste entre la cause, qui ne présente pas en elle-même de gravité particulière, et la réaction confusionnelle suraiguë entraînant en quelques jours l'issue fatale en l'absence d'un traitement énergique et adapté. Le caractère malin de la réaction tient parfois à un état d'épuisement physiologique préexistant. Mais c'est une fragilité nerveuse individuelle qu'atteste, dans la plupart des cas, l'existence de désordres psychiques antérieurs. La littérature historique et médicale abonde en observations d'états oniriques ou stuporeux apparus quelques heures, voire quelques jours, après un traumatisme émotionnel violent tel qu'en peuvent provoquer les situations impliquant une menace vitale (cataclysmes naturels, accidents, événements de guerre) ou les catastrophes personnelles (déportation, deuil subit, incarcération). La confrontation de ces observations laisse apparaître les circonstances propres à favoriser la survenue d'une réaction confusionnelle : le caractère dramatique de l'événement choc, sa soudaineté, le fait qu'il soit imprévisible, l'impossibilité d'y parer par une conduite active. L'épuisement physique favorise aussi l'apparition de ce type de réaction et son rôle n'est pas négligeable dans les psychoses confusionnelles observées en temps de guerre. Mais on retrouve dans la genèse de ces confusions émotionnelles la notion d'un terrain électif. Certains sujets ont un seuil de réactivité particulièrement bas et chez eux l'ébranlement nerveux consécutif à l'émotion choc peut entraîner la destruction brutale et profonde de la conscience. Les personnalités primitives, peu différenciées ou médiocrement douées, sont particulièrement sujettes à ce type de réaction ; il en est de même des personnalités névrotiques de structure hystérique, ce qui n'est pas pour surprendre si l'on considère dans ce cas la réaction confusionnelle comme résultant de la mise en œuvre de mécanismes de défense aussi spectaculaires qu'efficaces, puisqu'ils permettent d'éviter[...]

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