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CONGO, fleuve et bassin

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Deuxième fleuve d’Afrique par sa longueur, après le Nil, le Congo parcourt 4 700 kilomètres en incluant le Chambeshi, sous-affluent prenant sa source au nord-est de la Zambie. Avec un débit de 41 000 m3/s, c’est de très loin le plus puissant du continent, et le deuxième au monde derrière l’Amazone. Son bassin, situé de part et d’autre de l’équateur, couvre environ 3 700 000 km2, entre la région des Grands Lacs à l’est et l’Atlantique à l’ouest. Il figura comme terrae incognitae sur les cartes d’Afrique jusqu’à ce que Henry Morton Stanley lève, à la fin du xixe siècle, le mystère d’un fleuve dont les Européens ne connurent longtemps que le large estuaire découvert par les navigateurs portugais à la fin du xve siècle.

L’énigme du fleuve Congo devait exciter leur imagination, d’autant que les Portugais entrèrent d’emblée en contact avec les populations d’un « royaume de Congo », situé principalement au sud du fleuve, avec lequel ils nouèrent des relations et qu’ils entreprirent d’évangéliser. Les premiers documents écrits et les cartes les plus anciennes donnent au fleuve soit le nom de Congo soit celui de Zaïre, déformation de nzadi, qui signifie ou « grande eau », par extension fleuve, en langue kikongo. Les deux noms furent indifféremment utilisés jusqu’au xixe siècle, avant que « Congo » s’impose et désigne par la suite deux États qui s’en partagent le bassin, les actuelles République du Congo et République démocratique du Congo (RDC). En 1971, le président Mobutu exhuma le nom « Zaïre » pour désigner le fleuve, l’État et la monnaie, inaugurant ainsi une politique dite d’« authenticité », censée effacer la mémoire du Congo belge. Dès sa prise du pouvoir, en mai 1997, Laurent-Désiré Kabila s’empressa de rétablir la République démocratique du Congo, gommant, tout aussi symboliquement, l’ère Mobutu associée au Zaïre.

Une énigme géographique tardivement résolue

Lorsque l’expédition portugaise commandée par Diogo Cao mouilla sur la rive sud de l’estuaire, en 1482, la puissance du fleuve poussant ses eaux dans l’Atlantique par une embouchure d’une dizaine de kilomètres de large pouvait laisser penser qu’il s’agissait là d’un détroit susceptible d’accéder au mythique royaume du Prêtre Jean. Ayant dressé un padrão, pierre gravée servant de marqueur à la gloire du Portugal, Diogo Cao, après un séjour à Lisbonne, reprit l’exploration du Congo-Zaïre en 1485. Il découvrit alors que le vaste estuaire était un leurre : à 150 kilomètres de l’Atlantique, il était arrêté par des rapides infranchissables à l’amont du site de l’actuel port de Matadi (qui signifie littéralement « les pierres » en kikongo). Au xviie siècle, des missionnaires capucins atteignirent, en empruntant la voie de terre, cette expansion du fleuve dénommée Stanley Pool durant l’ère coloniale, aujourd’hui Pool Malebo. Ils s’y heurtèrent au royaume téké, jaloux de contrôler un lieu stratégique pour le commerce des esclaves. Le Pool constitue en effet le terme aval de la grande artère fluviale Congo-Oubangui par où transitèrent les convois d’esclaves en direction de la côte atlantique du xvie au xixe siècle.

L’accès au Congo intérieur était donc doublement verrouillé : par la série de rapides et cataractes qui entravent son cours sur près de 350 kilomètres dans la traversée de la chaîne montagneuse du Mayombe, d’une part ; par l’hostilité des populations qui entendaient préserver leur monopole commercial sur les voies de la traite esclavagiste, d’autre part. À cela s’ajoutait l’hostilité du milieu équatorial. L’expédition britannique conduite par James Tuckey en 1816, destinée à « reconnaître le Zaïre communément appelé Congo », en fit les frais. Tuckey et la plupart de ses compagnons succombèrent aux fièvres, sans avoir pu aller[...]

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Écrit par

  • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer

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Médias

Le bassin du Congo - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le bassin du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo - crédits : Per-Anders Pettersson/ Getty Images

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Barrage d'Inga - crédits : G. Gerster/ Comstock Inc.

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