- 1. Une énigme géographique tardivement résolue
- 2. Les métamorphoses du fleuve
- 3. Le bassin hydrographique le plus vaste d’Afrique
- 4. Un régime composite, remarquablement régulier et pondéré
- 5. Des ressources halieutiques à préserver
- 6. Le transport fluvial : atouts et faiblesses
- 7. Un potentiel hydroélectrique sous-exploité
- 8. Bibliographie
CONGO, fleuve et bassin
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Les métamorphoses du fleuve
Le fleuve comprend trois grandes sections conformes aux dénominations d’usage : le cours supérieur, des sources à Kisangani (Lualaba) ; le cours moyen de Kisangani au Pool Malebo (Congo) ; le cours inférieur du Pool à l’estuaire (Congo ou Zaïre).
Le Lualaba prend sa source à 1 420 mètres d’altitude, sur la ligne de partage des eaux entre bassins du Congo et du Zambèze puis s’engage dans un parcours de plus de 2 000 kilomètres d’orientation sud-nord formé d’une succession de rapides et de biefs aux eaux calmes. Encaissé dans les plateaux du Katanga, son cours est torrentueux. Après Bukama, port le plus en amont, le paysage s’élargit dans la vaste plaine de Kamalondo, fossé tectonique colmaté par des dépôts sédimentaires fluvio-lacustres. Le Lualaba se fraie un chemin dans un véritable delta intérieur entre bourrelets alluviaux instables, lacs et étendues marécageuses envahies de papyrus entravant la navigation en période d’étiage. Le lac Upemba a donné son nom à l’un des parcs naturels les plus riches de RDC.
Le Lualaba reçoit ensuite le renfort d’affluents de rive droite, en particulier des émissaires des Grands Lacs qui élargissent le bassin du Congo jusqu’en Tanzanie à proximité du lac Victoria.
Entre Kongolo et Kindu, les rapides rendent le fleuve impraticable : gorge étroite des « portes d’enfer », rapides de Nyangwé... De Kindu à Ubundu, un bief de plus de 300 kilomètres autorise la navigation en toute saison mais, entre Ubundu et Kisangani, d’autres rapides barrent à nouveau le Lualaba, notamment les chutes Boyoma, auxquelles Stanley avait donné son nom (Stanley Falls). Les pêcheurs équilibristes wagenia plongeant leur nasse dans les flots bouillonnants du haut d’échafaudages de bambous et de lianes en ont fait un des sites les plus emblématiques de la RDC, l’attraction touristique tendant à se substituer à la pêche.
Entre Kisangani et le Pool Malebo, la voie royale du Congo déroule, sur 1 700 kilomètres, la plus belle route navigable du continent africain. Le fleuve s’étale entre des bourrelets de berge submersibles en période de crue sur une largeur de plusieurs kilomètres. Dans cette section, les eaux s’écoulent en de multiples canaux anastomosés, entre des bancs de sable qui migrent au gré des courants, rendant la navigation délicate. Les nombreux affluents de rive gauche (Lulonga, Tshuapa, Lomani) grossissent le fleuve des eaux de la « cuvette », alimentée toute l’année par les pluies équatoriales. Après Mbandaka, le Congo reçoit son principal affluent de rive droite, l’Oubangui, qui lui apporte 6 000 m3/s en moyenne collectés sur un bassin de 640 000 km2couvrant une partie de la République centrafricaine. En aval de Lukolela, la Sangha, issue du Cameroun, ajoute quelque 2000 m3/s. À partir de Bolobo, le lit du Congo se resserre sur 200 kilomètres en un couloir taillé dans les couches sédimentaires des plateaux Batéké. La vitesse s’accélère dans un « chenal » de plus ou moins 1 kilomètre de largeur, qui mêle aux eaux du Congo celles du Kasaï, son affluent le plus puissant, qui le grossit de 10 000 m3/s de débit moyen pour un bassin de 900 000 km2.
Le chenal débouche sur le Pool Malebo, dépression de 400 km2comblée de sédiments, où le fleuve se subdivise en plusieurs bras, cheminant entre les îles et les bancs de sable. À l’aval, le Pool se referme sur les chaos rocheux des rapides barrant le fleuve entre Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales n’étant ici éloignées que de moins de 2 kilomètres.
Commence alors le tronçon le plus tumultueux du Congo : 350 kilomètres entrecoupés de rapides, de chutes, de cataractes, entre le Pool et Matadi. Les chutes d’Inga détiennent le potentiel hydroélectrique le plus puissant du monde (40 000 MW), mais celui-ci n’est encore que très partiellement exploité. Matadi, port de fond d’estuaire[...]
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Écrit par
- Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
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