Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CONGO, fleuve et bassin

Article modifié le

Le bassin hydrographique le plus vaste d’Afrique

Couvrant une superficie estimée à 3 700 000 km2, le bassin du Congo comprend une cuvette centrale d’environ 800 000 km2, s’abaissant à l’ouest jusqu’à une altitude de 320 mètres au lac Maï-Ndombe, entourée d’un amphithéâtre de reliefs tabulaires étagés, relevés sur ses bordures orientales et occidentales. Ce dispositif orographique résulte d’une longue histoire géologique. Pendant plus de 500 millions d’années, la subsidence du socle précambrien du Gondwana s’est accompagnée de l’empilement de sédiments continentaux provenant de l’érosion des reliefs périphériques. Leur épaisseur dépasse 10 000 mètres dans certains fossés. Au Crétacé, la dislocation du Gondwana mit la cuvette en contact avec l’Atlantique, provoquant la vidange de vastes étendues lacustres via l’ancêtre du Congo. Au Cénozoïque, des dépôts sédimentaires gréseux et sableux se sont accumulés sur les pourtours de la cuvette, formant les plateaux qui couvrent aujourd’hui une grande moitié sud du bassin du Congo. Au Miocène, une intense activité orogénique a donné naissance aux chaînons montagneux du Mayombe, parallèles à la côte atlantique, aux sommets avoisinant 1 000 mètres.

À l’extrême est, les plateaux viennent buter sur les reliefs de la « crête Congo-Nil » séparant les bassins des deux grands fleuves africains. Les soubresauts tectoniques récents du Rift occidental ont provoqué la formation de horsts, de grabens occupés par les lacs, de volcans. La région reste exposée à des séismes qui, ajoutés à des oscillations climatiques locales, pourraient provoquer l’endoréisme du lac Tanganyika dont le niveau n’est qu’à quelques décimètres au-dessus de l’embouchure de la Lukuga, son seul émissaire : le bassin du Congo perdrait alors les 200 000 km2 de son sous-bassin tanzanien.

Le bassin du Congo - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le bassin du Congo

L’histoire a partagé le bassin entre neuf États. Lors de la conférence de Berlin, les puissances européennes ont convenu que le territoire de l’État indépendant du Congo (EIC) serait calqué sur les limites du bassin hydrographique de son fleuve éponyme, sauf là où des puissances européennes pouvaient arguer d’une présence antérieure. Ce fut le cas du Portugal présent depuis la fin du xve siècle dans l’estuaire et plus tard dans une partie de l’actuel Angola, et de la France qui, à la suite des explorations de Pierre Savorgnan de Brazza, revendiquait des territoires sur la rive droite du Congo. Le fleuve a ainsi servi de frontière entre les deux Congos, et entre l’EIC et l’Angola. Le Portugal dut céder 40 kilomètres de côte à l’État indépendant, lui ménageant une étroite ouverture sur l’Atlantique. À l’est, après des opérations militaires contre les Arabes qui contrôlaient le commerce des esclaves entre la côte de l’océan Indien et le Lualaba, et des traités avec l’Angleterre et l’Allemagne, la frontière a été fixée sur la ligne de partage des eaux entre Nil et Congo.

Au total, la RDC couvre un peu plus de 60 % du bassin du Congo.

La conférence de Berlin, outre la création de l’EIC, acta le principe de la liberté de navigation et de commerce sur le fleuve Congo et l’ensemble de son bassin. À cet effet, un « bassin conventionnel » du Congo a alors été délimité, excluant notamment le bassin de l’Ogooué au Gabon. Le statut de fleuve international, révisé par la convention de Saint-Germain-en-Laye de 1919, est resté en vigueur jusqu’aux indépendances de 1960 et la reconnaissance de la souveraineté des États riverains.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer

Classification

Médias

Le bassin du Congo - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le bassin du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo - crédits : Per-Anders Pettersson/ Getty Images

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Barrage d'Inga - crédits : G. Gerster/ Comstock Inc.

Barrage d'Inga

Autres références

  • FLEUVE CONGO. ARTS D'AFRIQUE CENTRALE (exposition)

    • Écrit par
    • 1 066 mots

    Au sommet des marches conduisant à l'exposition Fleuve Congo. Arts d'Afrique centrale au musée du quai Branly à Paris (22 juin - 3 octobre 2010), le visiteur est accueilli par de grandes cartes. L'une, à dominante verte, figure la vaste aire géographique formée par les bassins des fleuves...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par
    • 18 792 mots
    • 22 médias
    La majeure partie du craton centrafricain est stabilisée.Seules quelques zones demeurent semi-mobiles et donneront des chaînes linéaires intracratoniques, comme celle de la Luiza, qui a été métamorphisée lors de l'orogenèse de Mubindji à 2 423 Ma. Plus tard, c'est la formation de Lukoshi qui est déformée...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 24 463 mots
    • 27 médias
    ...barrière que les fleuves coupés de rapides et de chutes franchissent difficilement. Cela a contribué à fermer l'Afrique aux Européens pendant quatre siècles : l'embouchure du Congo a été découverte en 1482 par le navigateur portugais Diogo Cao, mais son expédition fut contrainte de s'arrêter à Matadi, à hauteur...
  • BASSIN SÉDIMENTAIRE

    • Écrit par
    • 4 706 mots
    • 6 médias
    Le bassin duCongo, étalé sur plus de 3 millions de kilomètres carrés, est un bon exemple d'un tel dispositif structural. La série gréseuse et marneuse du Karoo (Permo-Carbonifère) y repose en discordance sur le socle précambrien. Des grès et des argilites peu consolidés des séries du Kwango et du plateau...
  • BRAZZAVILLE

    • Écrit par
    • 835 mots
    • 1 média

    Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure d’un lac, le Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa...

  • Afficher les 9 références