- 1. Une énigme géographique tardivement résolue
- 2. Les métamorphoses du fleuve
- 3. Le bassin hydrographique le plus vaste d’Afrique
- 4. Un régime composite, remarquablement régulier et pondéré
- 5. Des ressources halieutiques à préserver
- 6. Le transport fluvial : atouts et faiblesses
- 7. Un potentiel hydroélectrique sous-exploité
- 8. Bibliographie
CONGO, fleuve et bassin
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Un potentiel hydroélectrique sous-exploité
Le bassin du Congo dispose d’un potentiel hydroélectrique exceptionnel, évalué à 150 000 mégawatts (MW), soit près des deux tiers de celui du continent africain, dont 100 000 MW pour la RDC. La puissance potentielle du seul site d’Inga, à l’amont de Matadi, s’élève à 40 000 MW. Paradoxalement, la consommation d’électricité par habitant est une des plus faibles du monde. En RDC, à peine plus de 20 % de la population a accès à l’électricité. Les premières centrales hydroélectriques ont été construites à la fin de la période coloniale, principalement au Katanga dans les années 1950 pour les besoins de l’économie minière, et à Zongo, sur l’Inkisi, pour l’approvisionnement de Kinshasa. Les grands chantiers datent du règne de Mobutu : Inga 1 (350 MW) en 1972 et Inga 2 (1 400 MW) en 1982. Les projets d’électrométallurgie associés à la production d’électricité n’ont pas vu le jour. La construction d’une ligne électrique de 1 800 kilomètres entre Inga et le Katanga a été un désastre financier. Par manque de maintenance des turbines, les centrales d’Inga ont perdu jusqu’à la moitié de leur capacité. Leur réhabilitation est en cours.
En dépit de ces déboires, un nouveau projet, Inga 3, plus ambitieux (5 000 MW, jusqu’à 10 000 selon les différentes propositions d’investisseurs potentiels) a été lancé au début des années 2010, mais il est toujours au point mort : la Banque mondiale s’est désistée, tout comme le groupe minier BHP Billiton ; un consortium sino-espagnol tergiverse ; l’Afrique du Sud, qui a de gros besoins énergétiques, réitère périodiquement son intérêt sans donner suite... Le coût prévisible du projet d’Inga 3 – une quinzaine de milliards de dollars – dépasse de toute façon les capacités de financement de la RDC. Les ONG écologistes internationales et les associations de défense des communautés menacées de déguerpissement s’opposent par ailleurs à sa réalisation. Les ouvrages plus modestes, comme le barrage d’Imboulou sur la Léfini (120 MW), en service depuis 2011, ou celui de Busanga (240 MW) sur le haut Lualaba, inauguré en 2023, répondent davantage aux besoins des populations et des économies locales que les projets pharaoniques – tel que l’aménagement du « Grand Inga » (pour 40 000 MW), qui excite les imaginations des ingénieurs depuis une première étude réalisée en 1928, mais qui ressemble fort à un éléphant blanc... Quoi qu’il en soit, le bassin du Congo offre un potentiel hydroélectrique exceptionnel encore peu exploité, dont la valorisation constitue un atout précieux pour le développement du centre du continent.
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Écrit par
- Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
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