Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CONGO, fleuve et bassin

Article modifié le

Un potentiel hydroélectrique sous-exploité

Barrage d'Inga - crédits : G. Gerster/ Comstock Inc.

Barrage d'Inga

Le bassin du Congo dispose d’un potentiel hydroélectrique exceptionnel, évalué à 150 000 mégawatts (MW), soit près des deux tiers de celui du continent africain, dont 100 000 MW pour la RDC. La puissance potentielle du seul site d’Inga, à l’amont de Matadi, s’élève à 40 000 MW. Paradoxalement, la consommation d’électricité par habitant est une des plus faibles du monde. En RDC, à peine plus de 20 % de la population a accès à l’électricité. Les premières centrales hydroélectriques ont été construites à la fin de la période coloniale, principalement au Katanga dans les années 1950 pour les besoins de l’économie minière, et à Zongo, sur l’Inkisi, pour l’approvisionnement de Kinshasa. Les grands chantiers datent du règne de Mobutu : Inga 1 (350 MW) en 1972 et Inga 2 (1 400 MW) en 1982. Les projets d’électrométallurgie associés à la production d’électricité n’ont pas vu le jour. La construction d’une ligne électrique de 1 800 kilomètres entre Inga et le Katanga a été un désastre financier. Par manque de maintenance des turbines, les centrales d’Inga ont perdu jusqu’à la moitié de leur capacité. Leur réhabilitation est en cours.

En dépit de ces déboires, un nouveau projet, Inga 3, plus ambitieux (5 000 MW, jusqu’à 10 000 selon les différentes propositions d’investisseurs potentiels) a été lancé au début des années 2010, mais il est toujours au point mort : la Banque mondiale s’est désistée, tout comme le groupe minier BHP Billiton ; un consortium sino-espagnol tergiverse ; l’Afrique du Sud, qui a de gros besoins énergétiques, réitère périodiquement son intérêt sans donner suite... Le coût prévisible du projet d’Inga 3 – une quinzaine de milliards de dollars – dépasse de toute façon les capacités de financement de la RDC. Les ONG écologistes internationales et les associations de défense des communautés menacées de déguerpissement s’opposent par ailleurs à sa réalisation. Les ouvrages plus modestes, comme le barrage d’Imboulou sur la Léfini (120 MW), en service depuis 2011, ou celui de Busanga (240 MW) sur le haut Lualaba, inauguré en 2023, répondent davantage aux besoins des populations et des économies locales que les projets pharaoniques – tel que l’aménagement du « Grand Inga » (pour 40 000 MW), qui excite les imaginations des ingénieurs depuis une première étude réalisée en 1928, mais qui ressemble fort à un éléphant blanc... Quoi qu’il en soit, le bassin du Congo offre un potentiel hydroélectrique exceptionnel encore peu exploité, dont la valorisation constitue un atout précieux pour le développement du centre du continent.

— Roland POURTIER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer

Classification

Médias

Le bassin du Congo - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le bassin du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo - crédits : Per-Anders Pettersson/ Getty Images

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Barrage d'Inga - crédits : G. Gerster/ Comstock Inc.

Barrage d'Inga

Autres références

  • FLEUVE CONGO. ARTS D'AFRIQUE CENTRALE (exposition)

    • Écrit par
    • 1 066 mots

    Au sommet des marches conduisant à l'exposition Fleuve Congo. Arts d'Afrique centrale au musée du quai Branly à Paris (22 juin - 3 octobre 2010), le visiteur est accueilli par de grandes cartes. L'une, à dominante verte, figure la vaste aire géographique formée par les bassins des fleuves...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par
    • 18 792 mots
    • 22 médias
    La majeure partie du craton centrafricain est stabilisée.Seules quelques zones demeurent semi-mobiles et donneront des chaînes linéaires intracratoniques, comme celle de la Luiza, qui a été métamorphisée lors de l'orogenèse de Mubindji à 2 423 Ma. Plus tard, c'est la formation de Lukoshi qui est déformée...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 24 463 mots
    • 27 médias
    ...barrière que les fleuves coupés de rapides et de chutes franchissent difficilement. Cela a contribué à fermer l'Afrique aux Européens pendant quatre siècles : l'embouchure du Congo a été découverte en 1482 par le navigateur portugais Diogo Cao, mais son expédition fut contrainte de s'arrêter à Matadi, à hauteur...
  • BASSIN SÉDIMENTAIRE

    • Écrit par
    • 4 706 mots
    • 6 médias
    Le bassin duCongo, étalé sur plus de 3 millions de kilomètres carrés, est un bon exemple d'un tel dispositif structural. La série gréseuse et marneuse du Karoo (Permo-Carbonifère) y repose en discordance sur le socle précambrien. Des grès et des argilites peu consolidés des séries du Kwango et du plateau...
  • BRAZZAVILLE

    • Écrit par
    • 835 mots
    • 1 média

    Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure d’un lac, le Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa...

  • Afficher les 9 références