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SAINT-MAUR CONGRÉGATION DE

La nécessité d'une réorganisation de la vie monastique en France à la suite des guerres de Religion étant ressentie par tous, les moines lorrains de la congrégation de Saint-Vanne introduisirent leur réforme, à partir de 1613, dans un certain nombre de monastères du royaume. Mais l'opinion ne pouvait sans doute tolérer longtemps que des monastères français fussent soumis à des supérieurs qui n'étaient pas sujets du roi. Grâce à l'action du prieur du collège de Cluny à Paris, dom Laurent Bénard (1620), le roi Louis XIII autorisa en 1618 l'érection d'une nouvelle congrégation bénédictine française, qui se mit sous le patronage de saint Maur : on croyait alors qu'il avait fait connaître la Règle de saint Benoît en France. On pensa d'abord que tous les bénédictins de France entreraient dans la nouvelle organisation. Le cardinal de Richelieu, qui étendait partout son autorité en cumulant les titres, obtint en 1629 celui d'abbé de Cluny. Il tenta de fusionner l'ordre de Cluny et la congrégation de Saint-Maur. Sa mort, en 1642, fut bientôt suivie de la séparation souhaitée par dom Jean Tarisse, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur.

Né en 1575, devenu prieur-curé de Cessenon (Hérault), dom Tarisse fut élu supérieur général de la congrégation en 1630 ; il resta en charge presque jusqu'à sa mort en 1648. On le tient avec raison pour le véritable fondateur de la congrégation. Une organisation souple et nuancée permit d'agréger un grand nombre — finalement cent quatre-vingt-onze abbayes et prieurés — des anciens monastères de France.

L'autorité dans la congrégation appartenait au chapitre général, qui tous les trois ans réunissait les dignitaires et les représentants des six provinces autonomes. Au cours de ce chapitre, on élisait le supérieur général, qui résidait à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, et l'on nommait les prieurs claustraux, qui administraient les monastères. Contrairement aux anciens usages monastiques, les supérieurs n'étaient que temporaires et les moines pouvaient être déplacés d'un monastère à un autre. Ces pratiques nouvelles n'empêchèrent pas les mauristes de rester imprégnés de l'esprit bénédictin.

La plupart des abbayes unies dans la congrégation de Saint-Maur étaient plusieurs fois centenaires ; un certain nombre avaient plus d'un millénaire. Elles possédaient de prestigieuses archives et des manuscrits aussi nombreux que remarquables. Selon le même mouvement qui avait porté les humanistes de la Renaissance à rechercher les œuvres littéraires du passé et les protestants à remonter aux sources scripturaires, dom Tarisse comprit que les moines qui n'avaient plus ni à se vouer à des travaux agricoles maintenant assurés par d'autres, ni à copier des livres que l'imprimerie multipliait, pouvaient utilement servir l'Église dans un travail scientifique. Aussi orienta-t-il l'activité de ses moines vers les études et constitua-t-il ainsi, au sein de la congrégation de Saint-Maur, une équipe de savants, dont la durée et l'efficacité furent exceptionnelles.

Dom Mabillon entreprit la publication des Annales de l'ordre bénédictin, dont les six volumes in-folio parus ne vont que jusqu'au xiie siècle. Dom de Sainte-Marthe dirigea la Gallia christiana, qui donne les listes des évêques et des abbés de toute la France avec une notice biographique pour chacun. Dom Rivet commença l'Histoire littéraire de la France, répertoire de tous les auteurs de ce pays, qu'ils aient écrit en latin ou en français.

Les bénédictins de Saint-Maur travaillèrent selon une méthode qu'ils exposèrent dans des traités restés célèbres. Le De re diplomatica de dom Mabillon, en 1681, établit les règles de la critique des documents. Il fut complété par le Nouveau[...]

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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