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CONNAISSANCE DE L'EST, Paul Claudel Fiche de lecture

Les soixante et un poèmes en prose de Connaissance de l'Est ont été rédigés par Paul Claudel (1868-1955) entre 1895 et 1905, durant les missions diplomatiques de l'écrivain en Chine. Moins célèbre que les Cinq Grandes Odes ou les drames, ce premier recueil, outre son « altière beauté » notée par André Gide (Journal du 24 avril 1907), présente un intéressant témoignage sur les recherches stylistiques encore hésitantes de l'auteur, qui définira l'ouvrage comme « un livre composé de petits tableaux que j'ai dessinés en Chine [...] et qui ont été pour moi en quelque sorte ce que sont les études et les exercices pour un pianiste » (conférence du 4 novembre 1916). Témoignage également sur une démarche à la fois spirituelle et poétique que vient théoriser et éclairer, de manière presque contemporaine, l'Art poétique écrit dans les années 1903-1905.

Journal d'Orient

Publiés dans Le Mercure de France, la Revue de Paris et la Revue blanche par groupes de quatre ou cinq (« En Chine », « Paysages de Chine », « Quatre Petits Poèmes en prose »...), au fur et à mesure de leur rédaction et de leur envoi, les poèmes de Connaissance de l'Est furent réunis en volume en 1900 au Mercure de France, première édition suivie, en 1907, d'une deuxième, augmentée de neuf textes composés entre-temps, lors du second séjour de Claudel en Chine. Dans sa version définitive, le livre se compose ainsi de deux sections d'inégale importance : la première comporte les cinquante-deux textes de la première édition, la seconde les neuf pièces ajoutées en 1907. En 1914, une édition « coréenne » fut composée à Pékin sous la direction de Victor Ségalen. En 1928, Claudel fit précéder l'ensemble d'un poème liminaire en versets, intitulé « Hong Kong ». Les poèmes de la première partie sont suivis de la date de leur rédaction, et se succèdent selon un ordre chronologique, à un rythme relativement régulier, ce qui donne au recueil son aspect de journal de voyage. Du premier, « Le Cocotier » (juillet 1895), probablement écrit avant même l'arrivée à Shanghai, au cours d'une escale à Ceylan, au dernier, « La Terre quittée » (octobre 1899), qui parle du retour vers la France, on peut suivre ainsi les impressions de l'écrivain au fil des saisons, et même des différents postes occupés ou des séjours effectués (Shanghai, Fou-Tchéou, Han Kéou, un voyage au Japon...). Cependant, la recherche d'une stricte concordance entre les lieux évoqués et le ton ou l'atmosphère des textes serait hasardeuse. Si l'on peut parler d'une évolution, elle tient plus à un cheminement personnel, à la fois psychologique, spirituel et proprement poétique, qu'à un parcours géographique.

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  • CLAUDEL PAUL (1868-1955)

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    ...: la cristallisation d'éléments en suspension dans l'air, la synthèse puissante de matériaux hétérogènes portés par lui à leur température de fusion. Symbolisme et réalisme paraissaient, avant lui, deux langages inconciliables : ils ne feront qu'un dans Connaissance de l'Est, où l'acuité...