GESSNER CONRAD (1516-1565)
Conrad Gessner (ou Conradus Gesnerus) est né à Zurich le 26 mars 1516 et mort, probablement de la peste, dans la même ville le 13 décembre 1565. Érudit, polyglotte, naturaliste et médecin, il est surtout connu pour avoir été un des fondateurs de l’histoire naturelle. Gessner a laissé d’importants traités dans ce domaine, mais aussi en linguistique et en médecine, qui le font apparaître comme un « monstre d’érudition », comme le désignait ses commentateurs. Une importante revue suisse d’histoire des sciences s’appelle d’ailleurs Gesnerus, en référence à l’érudition scientifique.
Né dans une famille d’artisans assez aisés, des fourreurs et tanneurs, il est orphelin à quinze ans et est élevé par la suite dans un milieu humaniste proche d’Érasme. Comme de nombreux jeunes humanistes de l’époque, il voyage et étudie dans de nombreuses universités : Zurich, Bâle, Strasbourg et Paris, pour finalement étudier la médecine à Montpellier et y recevoir en 1541 le titre de docteur en médecine après avoir écrit un mémoire sur le siège cérébral des émotions. Bien qu’il ait pratiqué la médecine, ce ne sont pas ses écrits médicaux qui retiennent le plus l’attention. Gessner publie une compilation critique des ouvrages qu’il a consultés, en analysant les sources et en les assortissant de commentaires. Cette synthèse, publiée en 1545 et titrée Bibliothecauniversalis, présente les œuvres de 1 800 auteurs, anciens ou contemporains, ce qui est considérable. Les plus connus de ses ouvrages portent sur l’histoire naturelle stricto sensu. Ils ont été publiés en plusieurs volumes – de nombreux à titre posthume – sous le titre Historiaeanimalium. Les illustrations abondantes ont pour but une identification correcte de l’animal. Ces ouvrages précisent et corrigent aussi des auteurs antérieurs comme Aristote, voire Pline, et reprennent certains textes contemporains, notamment ceux de Pierre Belon. Dans tous les cas, Gessner ajoute ses observations personnelles – ce qui atteste sa propre observation de la nature, chose peu fréquente au xvie siècle –, mais mentionne en même temps des animaux mythiques (licorne, hydre, phénix, trolual…), signalés par les auteurs anciens et qu’il n’a certainement pas observés. On note, en zoologie comme en botanique, un début de classification des êtres vivants, certes rudimentaire mais manifeste dans les titres des traités successifs. En ce qui concerne les animaux, elle est fondée sur les modes de vie (air et eau), de locomotion (quadrupèdes et oiseaux) et de reproduction : Historiaeanimalium : Liber I de quadrupedibusuiuiparis(1551) ; Historiaeanimalium : Liber II de quadrupedibusoviparis (1554) ; Historiaeanimalium : Liber III qui est de aviumnatura (1555) ;Historiaeanimalium : liber IIII qui est de Piscium & aquatiliumanimantiumnatura (1558), etc. En botanique, sa classification est fondée sur un regroupement par ressemblance des fleurs et des feuilles. Ses traités de zoologie et de botanique seront régulièrement réédités, pillés aussi, jusqu’au xviiie siècle.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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Média