CONSERVATION DES ŒUVRES D'ART
La conservation des œuvres d'art depuis 1914
Le début du xxe siècle fut marqué par la déterminante loi du 31 décembre 1913, concernant la protection des monuments historiques, meubles ou immeubles. Cette loi introduisait la notion de classement – statut accordé aux œuvres les plus significatives de notre patrimoine national – et donnait surtout à l'État les moyens juridiques d'assurer la conservation et la restauration des œuvres d'art, qu'elle soient propriété publique ou privée.
Cette période est aussi caractérisée par le développement des musées en Europe. Après l'impulsion révolutionnaire, les musées s'étaient constitués, progressivement, tout au long du xixe siècle. Grâce à l'action des pouvoirs publics, nationaux ou régionaux, et à l'apport de mécènes ou donateurs les plus divers, les musées se sont imposés comme un élément déterminant de la culture.
Les années 1950 verront l'explosion du phénomène muséographique dans le monde. En France, l'ordonnance du 13 juillet 1945 qui divise les établissements muséaux en nationaux, classés ou contrôlés en fonction de la collectivité publique qui les gère, crée le cadre administratif qui permettra le développement de la culture muséographique jusque dans les années 1980. Seules les lois de décentralisation de 1983 pourront ébranler cette organisation, parfaitement adaptée à l'évolution de la sociologie de l'art.
Complémentaire de ce renforcement de la protection des monuments historiques et du développement des musées, la création, en 1959 par André Malraux, d'un service de l' Inventaire chargé de recenser, de classer, d'inventorier, et donc de protéger tous les objets et bâtiments ayant un intérêt patrimonial équivalant à ceux qui existent depuis vingt ans déjà en Belgique ou en Italie, fut déterminante. L'évolution des typologies d'œuvres ou d'objets inscrits à l'Inventaire révèle, s'il en est besoin, la transformation des goûts en matière de patrimoine culturel. Ne se limitant plus aux tableaux, aux sculptures, aux églises ou aux châteaux, la notion d'intérêt culturel s'est progressivement étendue à l'artisanat, aux économies paysannes ou primitives, puis au monde industriel et aux témoins de nos racines urbaines et « productivistes ». Le musée des Arts et Traditions populaires puis l'invention visionnaire des écomusées par G.-H. Rivière précèdent, dans les années 1970, l'avènement, en France, des musées de sciences et techniques. Dans ces institutions muséales, la notion de Beaux-Arts disparaît derrière celle d'objet industriel ; l'approche esthétique s'efface, remplacée par une approche socio-culturelle.
Dans le même temps, les musées des Beaux-Arts ont subi, dans le monde entier, une mutation impressionnante qui se traduit par trois tendances : le renforcement de la conservation des collections permanentes par une politique de restauration, d'acquisition et de publication en expansion constante ; l'augmentation croissante, quantitative et qualitative, des publics qui les fréquentent ; le rapprochement accru avec la société, par le biais de l'animation culturelle et de l'action pédagogique, rapprochement qui a supprimé le caractère « élitiste » de l'ancienne conception du musée.
Ainsi les années 1960, succédant à l'empirisme de règle depuis le début du xxe siècle, ont-elles connu la naissance de la muséologie.
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Écrit par
- Germain BAZIN : conservateur en chef au musée du Louvre, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Vincent POMARÈDE : conservateur des musées de France, département des peintures, musée du Louvre
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