CONSERVER LA NATURE POUR L'HOMME
En 1923, au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, se tient le Ier congrès international pour la protection de la nature. Aboutissement d'un long processus, enraciné dans le siècle précédent, mais interrompu par une guerre dévastatrice. Déjà s'exprime le souci d'une gestion prudente des ressources naturelles.
En 1948, au sortir d'une nouvelle guerre planétaire, naissait à Fontainebleau, sous les auspices de l'U.N.E.S.C.O., l'Union internationale pour la protection de la nature (U.I.P.N.), qui deviendra en 1956 l'Union internationiale pour la conservation de la nature (U.I.C.N.). Dans le préambule de sa Constitution, les fondateurs soulignaient « la nécessité de protéger les ressources naturelles pour garantir la prospérité du monde et sa paix future ».
Bien des évolutions ont transformé le souci en craintes. Dégradation des sols, pollutions multiples de l'air et des eaux, déforestation, désertification, risque nucléaire, effet de serre, détérioration de la couche d'ozone, accélération de la disparition des espèces sauvages... longue est la litanie des conséquences – plus souvent insidieuses que violentes – des activités humaines, conséquences amplifiées par les évolutions technologiques, démultipliées par l'accroissement du nombre des hommes. Enrichissement ici, précarité accrue là, extrême dénuement ailleurs. Désarroi...
Les appels des scientifiques pionniers de la conservation de la nature sont longtemps restés inaudibles, dans le brouhaha du monde. Pourtant, peu à peu, l'inquiétude gagna d'autres cercles. La question écologique venait à l'horizon du simple citoyen, touché dans son environnement, voire dans sa santé, par les effets en retour d'actions humaines incontrôlées, irresponsables, parfois cyniques. En 1971, en France, un ministère chargé de la Protection de la nature est créé. À Stockholm, en 1972, la Conférence des nations unies déclare que l'homme a un droit fondamental à un environnement de qualité. Des réglementations sont élaborées, de nombreuses aires protégées sont désignées, des plans de sauvetage d'espèces menacées sont mis en œuvre, des écosystèmes dégradés sont restaurés. Espoir...
En 1992, au Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, était signée la Convention sur la diversité biologique. L'un des buts de l'U.I.C.N. est atteint. Lent cheminement des idées. Les hommes, désormais capables de voir leur planète de loin, savent enfin combien elle est petite, combien cette pellicule d'eau, d'air et de terre où la vie s'est déployée est peu épaisse. Paradoxale, la vie se maintient parce qu'elle change, et elle peut changer parce qu'elle est diverse. Diversité : la clé de la durabilité.
Alors que la mondialisation tend à uniformiser la société humaine, tout en exacerbant les tensions, notamment quand il faut partager les ressources naturelles, l'humanité ne trouvera-t-elle pas le chemin de la paix en se reconnaissant diverse, en se voulant diverse ? Diverse en elle-même, diverse dans ses rapports avec une nature elle-même entretenue dans toute sa diversité...
« Il faut que l'homme se pénètre de la nécessité de protéger et même de régénérer les ressources naturelles et de ne les consommer qu'avec ménagement, de manière à garantir la prospérité du monde et sa paix future. » (U.I.P.N., 1948)
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Écrit par
- Patrick BLANDIN : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, directeur de la Grande Galerie de l'évolution