- 1. La consommation finale des ménages et la mesure de son évolution
- 2. Enquêtes « budget de famille » et « échelles d'équivalence »
- 3. Le partage du revenu entre la consommation et l'épargne
- 4. Apports de la sociologie des modes de vie
- 5. Le prix et la demande du consommateur
- 6. Une grille d'analyse économique et sociologique
- 7. Bibliographie
CONSOMMATION Dépenses de consommation
Apports de la sociologie des modes de vie
Si le partage du revenu entre la consommation et l'épargne est au centre des travaux microéconomiques, la répartition des dépenses de consommation dans le budget des ménages a constitué un objet d'étude sociologique depuis les travaux de Maurice Halbwachs au début du xxe siècle sur les familles ouvrières. Parmi les caractéristiques des ménages, le revenu est le déterminant principal de la consommation agrégée. Mais plus on descend dans le détail par produits plus on voit apparaître l'influence d'autres facteurs socio-démographiques, au premier rang desquels l'âge (avec sa polysémie intrinsèque, « effet de la structure d'âge » et « effet de génération »), le type d'habitat, ou la participation des femmes à l'emploi. Le « Français moyen » décrit par la Comptabilité nationale cache en fait une hétérogénéité des goûts et des aspirations. Les réflexions sur la façon dont émergent les goûts et dont se façonnent les préférences, hors de propos pour les macro-économistes, reprennent leur pertinence, dans les approches des micro-économistes et tout particulièrement dans celles des sociologues.
Cet élargissement à la sociologie est aussi nécessaire pour interpréter les évolutions passées et prévoir celles de l'avenir au sein de pays particuliers. La façon dont les modes de vie se sont transformés en France par exemple, entre les années 1980 et les années 2000, offre une illustration particulière de cette approche qui reconnaît l'existence d'un changement des préférences pourtant impossibles à mesurer directement.
Habillement, transport, alimentation
Les dépenses d'habillement font partie de celles qui croissent le plus lentement. Les personnes âgées étant celles qui renouvellent le moins leur garde robe, le vieillissement de la population explique en partie le marasme dans ce secteur. Les jeunes qui, à l'inverse, sont les plus susceptibles d'avoir besoin de vêtements neufs, connaissent une situation économique qui les pénalise dans leurs achats. En effet, comparés aux générations antérieures aux mêmes âges, ceux-ci dépendent plus longtemps des ressources de leurs parents, et leur situation professionnelle est plus lente à se stabiliser. Vieillissement de la population et dépendance économique des jeunes agissent ainsi dans le même sens, faisant stagner les dépenses d'habillement.
L'habitat est un autre domaine dont les caractéristiques évolutives pèsent, cette fois-ci, sur l'équipement en moyens de transport. Pendant cette même période, les ménages se sont installés en masse à la périphérie des grandes agglomérations. Les transports collectifs ne suivant ce mouvement qu'avec retard, cette situation a été très favorable à l'automobile, tant pour se rendre sur le lieu de travail que pour s'approvisionner dans les grandes surfaces ou pour fréquenter les lieux de loisirs.
La rapide progression de l'activité salariée chez les femmes, y compris chez les mères de famille, a entraîné une diminution du temps consacré au travail domestique. Le four à micro-onde fait économiser du temps de cuisine et donne sur la table une place croissante aux produits de l'agroalimentaire prêts à consommer.
De façon générale, le ménage se comporte de façon analogue à une entreprise. Aux tâches les plus pénibles se substituent des activités assistées par des machines. La demande en équipement s'est donc accrue, tant dans le domaine de l'électroménager que dans celui de l'audiovisuel. Le cinéma et les spectacles vivants ont subi la concurrence des loisirs au domicile.
Le contexte culturel du pays
L'examen de la structure budgétaire moyenne fait apparaître des différences entre pays dont le niveau de vie est identique. Au Royaume-Uni, par exemple, les dépenses de loisir occupent[...]
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Écrit par
- Nicolas HERPIN : sociologue, directeur de recherche, C.N.R.S.
- Daniel VERGER : inspecteur général de l'I.N.S.E.E., chef de l'unité méthodes statistiques
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