- 1. La consommation finale des ménages et la mesure de son évolution
- 2. Enquêtes « budget de famille » et « échelles d'équivalence »
- 3. Le partage du revenu entre la consommation et l'épargne
- 4. Apports de la sociologie des modes de vie
- 5. Le prix et la demande du consommateur
- 6. Une grille d'analyse économique et sociologique
- 7. Bibliographie
CONSOMMATION Dépenses de consommation
Le prix et la demande du consommateur
Tout aussi essentiels que le revenu et le mode de vie, les prix constituent la troisième information dont dépend l'évolution de la consommation. Leur analyse ne repose pas seulement sur les comportements du consommateur. Les producteurs sont eux aussi à prendre en compte pour comprendre les changements dans les prix relatifs, de même que les caractéristiques de l'environnement institutionnel, puisque c'est l'interaction entre tous ces agents par l'intermédiaire des marchés qui détermine les prix et les quantités produites et consommées.
Facteurs de variation des prix relatifs
Les prix relatifs, tout comme les volumes échangés, varient dans le temps sous l'effet de plusieurs facteurs :
– ceux liés aux coûts de production. Certains produits, bénéficiant d'innovations techniques dans leur production ou d'économies d'échelle (ce sont souvent des biens industriels), vont voir leur prix relatif diminuer, contrairement à d'autres qui subissent les contrecoups soit du renchérissement de certains facteurs de production (notamment les services exigeant une main d'œuvre qualifiée trop rare), soit de la fluctuation des cours mondiaux.
– ceux liés à l'évolution de la structure du marché (tendance à la concurrence ou à l'oligopole) ou à une modification des règles étatiques.
– ceux liés, bien sûr aussi, à l'évolution de la demande (modification des goûts individuels liés à l'habitat, à la structure démographique de la population, à la participation des hommes et des femmes à l'emploi, au changement dans les contraintes perçues, budgétaires ou autres).
Un produit suit un itinéraire que décrit l'évolution simultanée de son prix et de son volume. Les produits ont des itinéraires diversifiés. Les séries longues de consommation de la Comptabilité nationale peuvent, à nouveau, servir d'illustration. Les évolutions s'orientent dans quatre directions opposées.
Types d'évolution des produits
La première direction est celle des produits de grande diffusion dont le prix relatif baisse continûment et dont le volume croît. En France, depuis les années 1980, on peut citer en exemple les produits laitiers frais, les lunettes de soleil, le matériel téléphonique, l'ordinateur domestique, et les consultations chez le médecin. Pour ces cinq produits, l'interprétation est analogue : la coexistence dans la période d'une hausse de la demande et d'une hausse de l'offre. L'accès à ces biens ou à ces services a été facilitée par l'amélioration des conditions de production (la diminution des coûts, la baisse des marges due à la grande distribution) ou par les politiques publiques visant à équilibrer les comptes des assurances-maladie (les visites chez le médecin). De plus, pour des raisons propres à chacun de ces produits (convictions diététiques ou besoins de communication), ces cinq biens ou ces services ont des caractéristiques en phase avec la demande. Leur diffusion est donc devenue un phénomène de masse.
La deuxième direction est celle que suivent les produits anciens à la recherche d'une niche, dont le prix croît continûment et dont le volume baisse. C'est le cas, en France, également depuis les années 1980, pour les pommes de terre, l'habillement sur mesure, le linge de maison, les wagons-restaurants, les cinémas. Les mouvements de l'offre et de la demande conjuguent leurs effets pour accélérer le déclin de ces biens et de ces services : la demande baissant, on observe une sorte de cercle vicieux, puisque les coûts augmentent en raison d'un processus inverse aux économies d'échelle, entraînant mécaniquement en retour la baisse des volumes. Il peut y avoir aussi une réaction des producteurs entraînant une hausse de prix relatif : recentrage sur le haut de gamme, exploitation de « niches ». Dans ces cas,[...]
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Écrit par
- Nicolas HERPIN : sociologue, directeur de recherche, C.N.R.S.
- Daniel VERGER : inspecteur général de l'I.N.S.E.E., chef de l'unité méthodes statistiques
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