- 1. La consommation finale des ménages et la mesure de son évolution
- 2. Enquêtes « budget de famille » et « échelles d'équivalence »
- 3. Le partage du revenu entre la consommation et l'épargne
- 4. Apports de la sociologie des modes de vie
- 5. Le prix et la demande du consommateur
- 6. Une grille d'analyse économique et sociologique
- 7. Bibliographie
CONSOMMATION Dépenses de consommation
Une grille d'analyse économique et sociologique
On peut, sur la base de ce qui précède, repérer trois éléments qui interviennent simultanément dans les choix de consommation et dans leur évolution, et qui sur le plan analytique nécessitent de coordonner l'analyse économique et l'analyse sociologique.
Le concept de « consommateur-producteur »
Comme on l'a vu à propos des équipements domestiques et des produits agroalimentaires qui ont transformé le travail domestique des ménages, les choix de consommation sont à examiner en tenant compte du fait que le consommateur est aussi un « producteur ». Suivant en cela des économistes comme Gary Becker et Kevin Lancaster, ou le sociologue Jonathan Gershuny, les biens achetés doivent être transformés, en particulier par du travail domestique, pour pouvoir être consommés et ainsi procurer de l'utilité. Le ménage est donc caractérisé par ses goûts et ses capacités productives. Il dispose de deux ressources rares, le temps et l'argent. Il maximise son utilité sous contraintes (fonction de production, budget, temps disponible) et le résultat de l'optimisation conduit à des choix de consommation par postes et à des allocations du temps, en particulier une offre de travail. La référence à ce concept de consommateur-producteur qui utilise du temps pour transformer les biens acquis sur le marché en denrées consommables, arguments directs de l'utilité, permet de mieux poser le débat entre ceux qui militent pour une analyse de la consommation dans son ensemble, incluant en particulier une contre-valeur de la production domestique, et ceux qui se contentent d'observer les dépenses.
La temporalité des choix de consommation
Les choix de consommation ne sont pas les seules décisions que le consommateur doit prendre. Ils s'inscrivent dans un ensemble plus vaste de choix, plus ou moins interdépendants, mais dont certains peuvent être considérés comme antérieurs à d'autres. Peu aisés à modifier rapidement, ils constituent des contraintes à court terme pour la consommation. Les plus déterminants pour le consommateur sont la durée des études et plus généralement le degré d'investissement en capital humain, le choix d'avoir ou non une activité rémunérée et celui du métier, les décisions de mise en couple et de fécondité, et la localisation de l'habitat. Les deux premiers, une fois accomplis, ne seront qu'exceptionnellement infléchis ultérieurement. Les engagements démographiques et géographiques viennent hiérarchiquement en deuxième lieu. Pris relativement tôt, ils sont aussi relativement difficiles à remettre en cause, mais moins que les choix professionnels. On parle, à leur propos, de choix de mode de vie pour le moyen terme. À court terme, ils jouent comme des contraintes pour les choix quotidiens de consommation.
Le cadre temporel d'un agent vivant plusieurs périodes, et qui doit faire face à l'incertain permet d'aborder la question du comportement d'épargne (ainsi que celle plus ou moins liée des transferts intergénérationnels incluant donations et autres héritages), et celle de l'achat de biens durables. Il permet aussi de mieux comprendre les enjeux d'une approche de l'inégalité diachronique (portant sur l'ensemble du cycle de vie) par rapport à une vision synchronique (limitée à la considération d'une seule période).
Le cadre institutionnel
Enfin, la décision de consommation s'exerce dans un cadre institutionnel donné. Les marchés non seulement mettent face à face consommateurs et producteurs, mais ils font également jouer un rôle à d'autres agents, au premier rang desquels l'État et les conventions, comme par exemple celles relatives au commerce international. Les marchés, de plus, ne sont pas tous concurrentiels. Pour certains biens ou services, la concurrence est imparfaite.[...]
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Écrit par
- Nicolas HERPIN : sociologue, directeur de recherche, C.N.R.S.
- Daniel VERGER : inspecteur général de l'I.N.S.E.E., chef de l'unité méthodes statistiques
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