BRĂILOIU CONSTANTIN (1893-1958)
Constantin Brǎiloiu passa son enfance à Bucarest, où il naquit le 13 août 1893. Il se passionna très tôt pour les chants populaires roumains, qui constituèrent un fondement musical à toutes ses recherches musicologiques ultérieures. Après des études secondaires à Bucarest, Vienne et Lausanne, il étudia la composition musicale au Conservatoire de Paris, où il fut l'élève d'André Gédalge de 1912 à 1914. Il demeura en Roumanie de 1914 à 1943, déployant des activités diverses : critique, enseignement et recherches folkloriques. Il débuta comme compositeur tout en collaborant à la Tribune de Lausanne et au Luptatorul (Le Lutteur), quotidien de Bucarest fondé en 1920 par son ami Léon Algazi. Il enseigna l'histoire de la musique et l'esthétique musicale à l'Académie royale de musique et devint Rector et professeur à l'Académie de musique religieuse de Sainte-Patriarchie (1929-1935). Il fonda la Société des compositeurs roumains avec Georges Enesco en 1926 et créa en 1928 l'Institut du folklore roumain à Bucarest. Nommé conseiller culturel au ministère des Affaires étrangères en 1938, il fut envoyé en mission à Berne auprès de la légation roumaine de 1943 à 1946. En 1944, il fonda à Genève, avec Laszlo Lajtha, les Archives internationales du folklore musical. À la suite des changements politiques en Roumanie après la guerre, il émigra et s'établit à Paris, tout en continuant de travailler au musée de Genève. Il entra en 1948 au Centre national de la recherche scientifique comme chargé puis maître de recherche. Il participa à l'activité du département d'ethnologie musicale au musée de l'Homme et de l'Institut de musicologie de l'université de Paris. Il continuait d'assumer la direction de ses archives au musée de Genève, et c'est au cours d'un de ses voyages semestriels qu'il succomba d'une congestion cérébrale, à Genève, le 20 décembre 1958.
Pendant les quinze dernières années de sa vie, Brǎiloiu s'est attaché avec rigueur à dégager les règles auxquelles obéit le rythme du chant (« Le Giusto syllabique bichrone. Un système rythmique propre à la musique populaire roumaine », in Polyphonie, 2e cahier, 1948) ou de la poésie paysanne roumaine (« Le Vers populaire chanté », in Revue des études roumaines, vol. II, 1954), celles qui définissent, par-delà les frontières de la Roumanie, certaine musique instrumentale de danse (« Le Rythme Aksak », in Revue de musicologie, déc. 1951), sur le plan universel, enfin, celles qui, d'une part, régissent jeux, contines ou rondes d'enfants (« Le Rythme enfantin : notions préliminaires », in Les Colloques de Wégimont, 1954, Elsevier, Paris-Bruxelles, 1956), d'autre part, cette fois dans la dimension mélodique, la tonalité primitive (« Sur une mélodie russe », in Musique russe, t. II, P.U.F., Paris, 1953). Collaborateur de l'U.N.E.S.C.O., il produisit entre 1951 et 1958 une Collection universelle de musique populaire enregistrée comportant quarante disques.
Constantin Brǎiloiu publia également « Esquisse d'une méthode de folklore musical », in Revue de musicologie, nov. 1931 ; « Le Folklore musical », in Musica Aeterna, M.S. Metz, Zurich, 1949 ; « Pentatonismes chez Debussy », in Studia memoriae Belae Bartok sacra, Aedes Academiae scientiarum hungaricae, Budapest, 1956 ; « Réflexions sur la création musicale collective », in Diogène, no 25, janv.-mars 1959.
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Écrit par
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
Classification
Autres références
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ETHNOLOGIE - Ethnomusicologie
- Écrit par Jean-Jacques NATTIEZ
- 6 989 mots
- 2 médias
De Roumanie nous vient un des grands théoriciens francophones de l'ethnomusicologie : Constantin Brăiloiu. Collecteur acharné (entre 1929 et 1932), il crée les Archives roumaines de folklore en 1929, poursuit sa carrière à Genève où il crée les Archives internationales de musique populaire, puis...