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BRANCUSI CONSTANTIN (1876-1957)

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De la forme à l’espace

La Colonne sans fin repose directement sur le sol et ressemble à certains des socles que Brancusi a taillés dans la pierre ou le bois. C’est qu’à ses yeux et dans sa pratique le socle est devenu dès Maiastra(1911, Tate, Londres), une partie constituante de l’œuvre. L’oiseau fabuleux en marbre ou bronze est mis en valeur par l’empilement vertical de deux parallélépipèdes de pierre entre lesquels s’insère, dans certaines versions, une cariatide en bois sommairement taillée. Dès lors, chaque sculpture se voit adjoindre un assemblage de bois ou de pierre qui met en valeur sa singularité plastique, par des jeux de rimes, d’opposition plastique ou d’association. Le Coq (1935, bronze poli, Musée national d’art moderne-Centre Pompidou) dresse son élan vertical sur un bois et une pierre superposés, reprenant la découpe en escalier de son corps, tandis que les courbes sinueuses du portrait de Mlle Pogany(1913, bronze, MoMA, New York) sont soulignées par contraste avec le bloc de pierre sur lequel elle se dresse.

Dans ses expositions, et dans les photographies qu’il réalise de ses sculptures à partir des années 1930, Brancusi associe, dissocie et combine œuvres et socles, en créant par ses nombreuses permutations des assemblages parfois éphémères, toujours inventifs. Ainsi, il ne sculpte pas uniquement en taillant puis en polissant ses formes, mais aussi en composant des ensembles dans lesquels la statue ou la figure sculptée ne sont plus dissociables esthétiquement de leur socle. Dans cette création par combinaison, l’ancrage de l’œuvre sur le sol via le socle permet à la forme de se déployer dans la troisième dimension, de s’ouvrir à un espace potentiellement infini.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

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