CARAMANLIS CONSTANTIN (1907-1998)
Pendant près de cinquante ans, Constantin Caramanlis a dominé la vie politique grecque ; il a été président de la République de 1980 à 1985 et de 1990 à 1995. Sa trajectoire le conduit de la droite la plus réactionnaire au libéralisme démocratique européen.
Aîné d'une famille de sept enfants, Constantin Caramanlis est né le 23 février 1907 à Proti, dans une région de la Grèce du Nord appartenant encore à l'Empire ottoman et majoritairement peuplée de Slaves. Fils d'instituteur, le jeune Constantin est envoyé au collège à Serres. Ses capacités lui permettent d'entrer au lycée à Athènes, puis d'étudier à la faculté de droit, de 1925 à 1929. Après son service militaire, il est avocat à Serres de 1931 à 1935.
Il est élu pour la première fois député de Serres en 1935, sous l'étiquette du Parti populiste (droite royaliste) grâce à l'appui d'un ténor de la politique locale. En août 1936, avec la dictature du général Métaxas, il rentre à Serres et reprend ses activités d'avocat. L'occupation de la Grèce en avril 1941 le ramène à Athènes où, de 1942 à 1944, il milite à l'Union socialiste, un petit groupe centriste qui réfléchit sur la modernisation de la Grèce après la libération. Au début d'octobre 1944, il rejoint Le Caire où se trouve le gouvernement grec en exil. Il rentre à Athènes le 25 octobre 1944 dans les fourgons de l'armée britannique.
Alors que la guerre civile éclate entre les royalistes et les communistes, Constantin Caramanlis retrouve sa place de député populiste de Serres en 1946. De janvier à août 1947, il est ministre du Travail, s'employant à briser le mouvement syndical. Il occupe ensuite le portefeuille des Transports de mai à novembre 1948, puis de la Prévoyance sociale de novembre 1948 à janvier 1950. Il est même ministre de la Défense durant quelques semaines en 1950. En 1951, il quitte le Parti populiste pour rejoindre le Rassemblement hellénique du maréchal Papagos. L'année suivante, il épouse Amalia Kanellopoulou dont il divorcera peu après ; il devient ministre des Travaux publics, poste qu'il occupera jusqu'à la mort du maréchal auquel il succédera comme Premier ministre le 5 octobre 1955, grâce au soutien de la reine Frédérika.
Sous son mandat, les communistes ne sont plus fusillés, mais la répression contre les anciens résistants et les militants de gauche reste féroce jusqu'en 1962, date du rapprochement gréco-soviétique. Les élections de 1961, parce qu'elles risquaient de donner la victoire au centre gauche, sont entachées de fraudes massives et de violences. Cette première époque Caramanlis est marquée par une démocratie réduite et de graves atteintes aux droits de l'homme.
Outre les problèmes intérieurs, Caramanlis doit faire face au dossier chypriote. En avril 1955, les Chypriotes Grecs commencent la lutte armée contre la puissance coloniale britannique et demandent l'union avec la Grèce. En février 1959, Caramanlis signe les accords de Zurich et de Londres accordant l'indépendance de l'île. Pour les nationalistes chypriotes grecs, le Premier ministre d'Athènes restera un traître.
Pourtant, l'homme commence à évoluer, pensant que son pays doit s'ouvrir et se débarrasser de l'héritage de la guerre civile. Quand, en mai 1963, le député de gauche Grigoris Lambrakis est assassiné par des groupes fascisants liés au palais (trame du film Z, de Costa-Gavras), Caramanlis comprend que la reine n'apprécie guère son évolution et veut se débarrasser de lui. Il démissionne le 11 juin 1963 et, ayant perdu les élections qui suivent, il part clandestinement pour Paris le 9 novembre 1963.
Durant ses onze années d'exil, l'homme prend conscience du besoin de démocratie et, sur les conseils de son ami Valéry Giscard d'Estaing, s'ouvre sur l'Europe. Après l'invasion[...]
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
Classification
Autres références
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GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
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...janvier 1969). La grande majorité des Grecs, y compris la majeure partie de la droite, est restée hostile ou réticente. L'ancien leader de la droite, Constantin Caramanlis, déjà en exil volontaire à Paris avant le coup d'État des colonels, a manifesté à plusieurs reprises son opposition à la dictature... -
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