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HUYGENS CONSTANTIN (1596-1687)

Fils de Christiaan Huygens (1551-1624), secrétaire de Guillaume d'Orange le Taciturne puis secrétaire du Conseil d'État, Constantin Huygens, né à La Haye, s'inscrit comme étudiant en droit à l'université de Leyde, en 1616, où il se lie avec Daniel Heinsius, ami de son père. En 1618, il fait un premier voyage en Angleterre, où il est présenté au roi Jacques Ier. En 1619, il accompagne en qualité de secrétaire l'envoyé des États, Aerssen van Sommelsdijk, dans son ambassade à Venise. Il participe encore à plusieurs ambassades en Angleterre, en 1621 et en 1624. Le 18 juin 1625, il est nommé secrétaire du prince d'Orange, Frédéric-Henri. En 1630, il entre au conseil du prince et, quand meurt son collègue Junius en 1645, Constantin Huygens demeure seul secrétaire de Frédéric-Henri. À la mort de ce dernier, en 1647, il est confirmé dans ses fonctions par le jeune prince Guillaume. Sa vie durant, Constantin Huygens devait servir fidèlement la maison d'Orange. En particulier, tout au cours de la « période sans stathouder » (de 1651 à la guerre franco-hollandaise de 1672), il conduit plusieurs ambassades et s'acquitte de difficiles missions. La mission la plus délicate, sinon la plus importante, reste sans doute celle dont il est chargé en 1661 pour le recouvrement de la principauté d'Orange, occupée l'année précédente par Louis XIV. Ce n'est qu'en 1665, au terme de quatre années de négociations, que les troupes françaises évacuent la principauté et que Constantin Huygens peut enfin rétablir dans la ville d'Orange l'autorité de son prince.

Homme politique et diplomate, Constantin Huygens apparaît encore comme un des premiers citoyens de l'Europe savante. Remarquable polyglotte, ce conseiller du prince d'Orange, qu'il accompagne dans toutes ses campagnes, fait montre d'une étonnante vitalité intellectuelle. Poète, musicien, nourri de toute la culture classique et moderne de son temps, il se pique encore, dans sa curiosité intellectuelle, de théologie et de philosophie. C'est à bon droit que J. Huizinga voit en lui l'incarnation du « bourgeois cultivé » du Siècle d'or hollandais, curieux de tout le savoir, mais néanmoins curieux et soucieux de ses applications. En effet, ce poète, qui œuvre en diverses langues (il publie en 1644 un recueil de ses poésies latines, Momenta desultoria, réédite en 1655 et en 1658 les Korenbloemen, ou « bluets » de sa langue maternelle), ce musicien, dont on publie à Paris en 1647 la Pathodia sacra et profana occupati, est aussi un amateur éclairé de ces « belles sciences » que sont la mathématique et l'astronomie et surtout de cette partie « la plus noble de la mathématique » : l'optique.

Très tôt, Constantin Huygens a subi l'influence de Bacon et de Cornelis Drebbel. C'est ce dernier qui l'initie à l'optique, science qui va être, à partir de 1632, une sorte de trait d'union entre Descartes et lui. La correspondance échangée entre le philosophe français et le secrétaire du prince d'Orange, telle qu'elle nous a été restituée par l'édition de L. Roth en 1926, fait bien ressortir en Huygens, sur l'exemple privilégié de sa correspondance avec Descartes, le citoyen de la république des lettres, homme des bons offices ayant à cœur de promouvoir la « communication », l'acheminement des lettres et des livres, grâce aux facilités diplomatiques dont il peut disposer, ou obligeant son correspondant d'une recommandation ou d'une médiation, mais aussi donnant à bon escient ses remarques critiques et ses conseils. C'est ainsi que l'on peut suivre dans l'édition Roth la part active que Constantin Huygens prit de 1635 à 1637 à l'édition du fameux Discours de la méthode et essais de cette méthode dont l'achevé d'imprimer[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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