TCHERNENKO CONSTANTIN OUSTINOVITCH (1911-1985)
Issu d'une famille paysanne de la région de Krasnoïarsk, en Sibérie, Constantin Oustinovitch Tchernenko entre au Parti communiste d'Union soviétique en 1931 après avoir exercé, selon sa biographie officielle, le métier d'ouvrier agricole. Il appartient à la génération de ceux dont la carrière politique est accélérée par la terreur stalinienne des années trente au cours desquelles il entre dans l'appareil du parti dans le secteur de la propagande. La guerre, dont ne lui parvient que l'écho dans la province de Krasnoïarsk où il est secrétaire du parti, n'interrompt pas davantage son ascension politique : diplômé de l'école supérieure des cadres du parti en 1945, il est nommé responsable du secteur de la propagande du parti de Moldavie dont le premier secrétaire est alors Leonid Brejnev, à l'ombre duquel il poursuit sa carrière politique jusqu'en 1982. Il accède aux organes centraux du parti en 1956, en tant que responsable du secteur de la propagande du comité central jusqu'en 1965, puis du département des Affaires générales, c'est-à-dire de la gestion des cadres. En 1971, Tchernenko devient membre titulaire du comité central et accède au secrétariat en 1976. Il est élu membre titulaire du Politburo en 1978. À la mort de Brejnev, en novembre 1982, Tchernenko, son légataire présomptif, doit cependant céder la place de secrétaire général à Iouri Andropov. À la mort de ce dernier, en février 1984, la candidature de Tchernenko est soutenue par la « vieille garde » du parti : Nikolaï Tikhonov, Andréi Gromyko, Dimitri Oustinov, Dinmoukhamed Kounaïev et Viktor Grichine. Mais son âge avancé et son mauvais état de santé laissent supposer que sa nomination au secrétariat général, le 14 février 1984, est conçue comme une mesure dilatoire par d'autres prétendants, Mikhaïl Gorbatchev et Grigori Romanov.
Tchernenko cumule encore plus rapidement que son prédécesseur les fonctions suprêmes du parti et de l'État. Mais la maladie qui le tient éloigné du pouvoir par intermittence dès l'été de 1984 ne lui permet pas de donner une coloration personnelle à la politique du parti et de l'État soviétiques qui se situe, dans l'ensemble, dans le prolongement de celle qu'avait adoptée Andropov : le renforcement de la discipline à l'intérieur du parti et de l'appareil d'État est poursuivi et la répression des opposants au régime aggravée (un code sur les infractions administratives est adopté en R.S.F.S.R., et le secrétaire général affirme la nécessité de renforcer le contrôle populaire sur l'administration alors même que le régime des camps d'internement est durci) ; la réforme de l'enseignement est adoptée en avril 1984 : elle tend à l'amélioration de l'enseignement technique, des conditions de travail et de rémunération du corps enseignant, de l'éducation civique et idéologique des élèves ; le renouvellement des cadres se poursuit sans permettre cependant à Tchernenko de renforcer son assise politique (le maréchal Sokolov succède au maréchal Oustinov comme ministre de la Défense et le maréchal Akhromeev remplace le maréchal Ogarkov à la tête des armées). Tchernenko meurt le 10 mars 1985, après un bref interrègne d'une année.
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Écrit par
- Roland LOMME : chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques
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